« Kwenda-World » : la nouvelle référence du commerce équitable !


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Bineta Sy
Bineta Sy

Un emballement commercial s’opère, autour d’un couple de jeunes gens de nationalité française, mais issus de la communauté africaine. Deux personnes pour une interview : un homme et une femme. Plutôt, précisément le mari et son épouse. Comme dans la ville, le couple Daouda et Bineta se reforme le temps que dure notre entretien, et fait montre d’une entente cordiale sans faille. Cette entente, c’était l’ingrédient qu’il leur fallait pour se lancer dans une démarche entrepreneuriale difficile. Néanmoins, ils arrivent à sortir la tête de l’eau, à peine que leur entreprise venait d’être créée. Tout cela se repose sur un seul nom : les épices exotiques africaines ont le vent en poupe grâce à la « philosophie Kwenda-World ».  Coup de chapeau à deux jeunes entrepreneurs originaires du continent !  

Propos recueillis par Firmin Luemba

AFRIK.COM : D’où vous est venue l’idée de se lancer dans ce projet relatif à l’épicerie fine ?

Bineta Sy : Mon mari avait créé une société qui s’appelait Crosspath avec un de ses associés. Cela nous a permis de créer des connexions avec des coopératives et producteurs qui facilitent nos approvisionnements. En parallèle à ça, nous en sommes arrivés à mettre sur pied la marque « Kwenda » qui en est la continuité. En ce qui me concerne, je suis également passionnée par la cuisine. Notre objectif, c’est de mettre en valeur des produits et des matières d’origine africaine. A titre d’exemple, pour la fabrication de nos bonbons, on les a déclinés sur différentes matières, de l’hibiscus et du sucre cuit à la fleur d’hibiscus gélifié, et végan (ndlr : le régime végan est celui qui exclut tout apport en nourriture d’origine animale).

AFRIK.COM : Pourquoi le choix de l’appellation « Kwenda » en kikongo* et en swahili** ? Les langues ouest-africaines ne sont-elles pas assez riches pour puiser dans leur vocabulaire ?

Bineta et Daouda Sidibé : Nous avons opté pour ce nom parce que le swahili est l’une des langues les plus importantes en Afrique. Si nous avons opté pour « Kwenda » qui signifie ‘’Aller’’, c’est parce qu’il s’agit pour nous d’une invitation au voyage culinaire. Voilà pourquoi on a choisi cette langue : elle est ancrée dans le cœur de l’Afrique.

AFRIK.COM : Pourquoi avoir choisi ces différents ingrédients plutôt que d’autres ?

Bineta Sy : Nous, on s’est concentrés sur les produits qu’on connaît bien. Les matières premières viennent de l’Afrique, mais on a travaillé avec les artisans français. Parce qu’on connaît bien nos matières, cela devenait facile pour les connexions qu’il fallait opérer afin de les introduire jusqu’en France.

AFRIK.COM : Vous êtes très jeune comme structure. Comment vous êtes-vous organisés pour que « Kwenda-World » connaisse de bons vieux jours ?

Bineta Sy : Pour la partie logistique et tout ce qui est en lien avec les producteurs, c’est Daouda Sidibe qui s’en charge. On se partage la charge pour ce qui est de la communication interne et externe. Même si on a défini des responsabilités pour chacun d’entre nous, nous sommes tous polyvalents.

Daouda Sidibe : L’ADN de la marque, c’est d’être innovants et de toujours surprendre le client. Nous procédons donc par le renouvellement de notre gamme pour surprendre les clients et nous faire espérer de bons jours.

AFRIK.COM : Êtes-vous une entreprise ou une association ?

Daouda Sidibé : Nous sommes une entreprise. Beaucoup se lancent sans s’organiser légalement. Quant à nous, on a fait différemment, car on ne voulait pas avoir les portes fermées sur nos produits, c’est pourquoi on cherche toujours à avoir la traçabilité qu’on ne peut avoir qu’en étant une entreprise.

AFRIK.COM : Les fruits ou les épices qui constituent votre cheval de bataille ne sont pas votre seul apanage : tout le monde peut le trouver n’importe où. Comment pensez-vous attirer une clientèle de connaisseurs sur vos produits en particulier, au moment où la concurrence existe dans ce domaine et pas des moindres ?

Bineta Sy et Daouda Sidibé : La différence vient du fait qu’à partir des matières premières de base, nous on crée nos produits qui sortent de l’ordinaire. La poudre de baobab par exemple commence à se démocratiser. Et les gens sont subjugués car nous créons des produits sans conservateur ni additifs. Nous travaillons aussi sur le packaging, celui-ci est fait de verre et il est réutilisable. C’est un matériau qu’on peut recycler à l’infini. Sur notre site internet, on a proposé toute la diversité de nos produits dont la qualité est telle qu’on ne peut la trouver nulle part ailleurs. Quant au consommateur, il devient aussi acteur en nous donnant des idées auxquelles on n’avait pas pensé en premier lieu.

AFRIK.COM : Croyez-vous être les meilleurs dans ce marché ?

Bineta Sy et Daouda Sidibé : Nous sommes dans une démarche d’amélioration. On a travaillé d’arrache-pied pour que nos produits soient compétitifs. Pour nous le but, c’est de faire évoluer l’image de l’Afrique à travers l’épicerie fine. Cela dit, nous travaillons énormément pour présenter nos produits de la meilleure façon, mais c’est aux clients de dire si nous sommes les meilleurs. Notre démarche, c’est d’être dans un secteur de niche, c’est-à-dire l’excellence à travers la découverte culinaire de nos produits.

AFRIK.COM : Quels sont vos plus grands succès parmi toute cette masse de produits aussi tentants les uns que les autres ?

Bineta Sy et Daouda Sidibé : Notre plus grand succès, c’est le vinaigre de madd (ndlr : appelé aussi zabban, c’est une matière première d’origine sub-saharienne et principalement sénégalaise qui est extraite d’un fruit local) et le vinaigre de baobab. On ne les trouve nulle part ailleurs. Quant au sucre d’hibiscus proposé en petit et en grand format, sa spécificité est qu’il n’existe pas ailleurs non plus, car c’est notre invention. En ce qui concerne nos bonbons en sucre cuit et non gélifié, sa composition est faite de sucre de glucose, de sucre, de poudre d’hibiscus et d’essence d’hibiscus naturel. Nous vendons aussi des gousses de vanille et du caviar de vanille. On travaille avec de petits producteurs qui font tout le travail manuel qui consiste à gratter l’intérieur des gousses pour récupérer des graines qui constituent donc le caviar.

AFRIK.COM : Et pour finir ?

Bineta Sy et Daouda Sidibé : Les maîtres-mots pour nous, c’est la recherche, l’innovation et le développement. On ne compte pas nos heures pour travailler sur les produits qu’on a créés et que nous aimons. Les gens voient nos produits et sont surpris de leur qualité. Actuellement nous travaillons avec des artisans spécialistes français. Mais à l’avenir nous aimerions travailler avec l’Afrique pour la transformation de nos matières premières et le produit fini, ce qui n’est pas encore techniquement possible à l’heure actuelle. Nous travaillons aussi avec ces producteurs pour les aider à obtenir leur certification agricole et biologique.

Voir le site de Kwenda World

* Le kikongo est une langue parlée dans le sud-ouest de la République Démocratique du Congo, ainsi qu’au Congo-Brazzaville et en Angola, tandis que le swahili couvre toute l’Afrique de l’Est.

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