Kofi Yamgnane, en lice pour les élections présidentielles de 2010 au Togo, invite les Togolais de l’extérieur à investir dans sa campagne. Le leader du mouvement politique Sursaut Togo est actuellement en France pour solliciter le soutien de ses compatriotes et de la communauté internationale.
Kofi Yamgnane est venu chercher le soutien des siens en France. Le candidat au scrutin présidentiel togolais du 28 février prochain veut s’appuyer sur les diasporas togolaises et africaines. « Il s’agit de créer au Togo un modèle de démocratie en Afrique pour contaminer le continent. A partir de là, qui mieux que les Africains eux-mêmes sont concernés par cette question ? », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse ce jeudi à Paris. Mobiliser la diaspora africaine, ses réseaux et ses finances au profit de la démocratisation du Togo, telle est l’un des principaux axes de la stratégie de campagne de Kofi Yamgnane. Déjà candidat à la présidentielle togolaise en 2005 et fort de son parcours d’élu et de haut dignitaire français, le candidat s’enthousiasme à l’idée de mener une campagne « à la Obama » qui verrait la participation de tout un chacun sous la forme de dons de quelques euros ou de milliers de Francs CFA.
L’ancien Secrétaire d’ État aux Affaires Sociales et à l’Intégration de François Mitterrand est allé ainsi à la rencontre de la diaspora togolaise partout en France. Il était à Nogent-sur-Oise (Picardie) et à Lille (Nord) le week-end dernier pour échanger avec ses compatriotes. « Même si la diaspora togolaise ne vote pas, elle contribue à hauteur de 6% à la richesse du pays. Et je pense que si elle fait connaître sa préférence pour un candidat, elle peut changer la donne», analyse Kofi Yamgnane.
Le soutien de la communauté internationale
Estimés à un million d’euros, les besoins financiers de la campagne menée par le mouvement politique Sursaut Togo poussent également son leader à solliciter le soutien de la communauté internationale. «Celui qui donne de l’argent a un droit de regard sur la campagne ». Mais ce qui importe le plus à Kofi Yamgnane est qu’elle puisse garantir la tenue d’élections transparentes dans son pays. « Il faut éviter les fraudes électorales à tout prix pour éviter le bain de sang que nous avons connu en 2005. Les gens ne sont pas bêtes, ils savent pour qui ils ont voté ! », déclare avec véhémence le candidat. Il suggère par exemple le financement d’urnes transparentes à double cadenas (un cadenas pour le parti au pouvoir, l’autre pour l’opposition) et l’assurance qu’il n’y ait pas de coupures d’électricité, ni de dysfonctionnement du réseau téléphonique le soir des résultats.
En vue de garantir l’équité du prochain scrutin, le candidat de Sursaut Togo insiste en outre sur l’importance d’un deuxième tour, ce que ne permet pas à ce jour la Constitution au Togo. «Le Président élu au premier tour n’a qu’un faible score, il n’est pas légitime pour gouverner. Regardez ce qui s’est passé au Gabon, où Ali Ben Bongo tient les rênes d’un pouvoir que ne soutient que 40% des électeurs ».
Interpellé au sujet d’un potentiel soutien de la France à sa candidature, l’ancien maire de la commune bretonne de Saint-Coulitz a annoncé qu’il avait d’ores et déjà été reçu au Quai d’Orsay et qu’il s’attendait prochainement à être invité à l’Elysée. Kofi Yamgnane espère un renouveau dans les relations franco-togolaises. « Quels sont ces intérêts si forts qui dictent à la France qu’ils ne peuvent être protégés que par une dictature et non pas par un régime démocratique ? » interroge-t-il.
Des débuts de campagne difficiles au Togo
La présence du candidat en France est la nouvelle étape d’une campagne entamée depuis quelques mois au Togo. En dépit des moyens déployés et l’appui d’une équipe composé d’une vingtaine de personnes dans la capitale Lomé, le candidat Yamgnane dit devoir se battre pour entrer en contact avec ses partisans. Suite aux interdictions qui lui en ont été faites par le ministère de l’intérieur, il lui est en effet impossible de parler aux chefs de villages et d’apparaître dans des émissions télévisées.
Ce qui n’a pas empêché Kofi Yamgnane de multiplier les échanges informels avec ses futurs électeurs durant ces derniers mois. Selon lui, la population togolaise aspire à un changement de régime. «Essu nene » (« Ca suffit ! » en mina, langue la plus parlée au Togo) serait en passe de devenir un véritable leitmotiv.
Cependant les Togolais ne sont pas près d’aller voter. Certains d’entre eux ne possèdent pas encore de carte électorale, même si la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a fixé la date des élections. Une certitude néanmoins : le lancement officiel de la campagne électorale est prévu le 13 février prochain.