Koffi Olomidé convoqué par le CSAC pour ses propos jugés « démobilisateurs » des troupes congolaises


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Koffi Olomidé
Koffi Olomidé

Le célèbre musicien congolais Koffi Olomidé a été convoqué par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) à la suite de déclarations faites lors d’une émission diffusée sur la Radio-Télévision Nationale Congolaise (RTNC) le 6 juillet dernier. Il est accusé d’avoir tenu des propos démobilisateur et d’avoir minimisé la guerre dans l’Est du pays.

Antoine Christophe Agbepa Mumba, plus connu sous son nom de scène Koffi Olomidé, est une légende de la musique congolaise. Né le 13 juillet 1956 à Kisangani, en République Démocratique du Congo (RDC), il est l’une des figures emblématiques du genre musical soukous. Sa carrière, marquée par des succès tels que « Loi », « Effrakata », et « Selfie », lui a valu de nombreux prix et distinctions à l’international.

C’est ce qui vient une nouvelle fois de se passer lors d’une émission sur la RTNC, « Le Panier, the Morning show » le 6 juillet dernier. Koffi Olomidé y aurait minimisé la gravité des combats dans l’Est de la RDC, affirmant qu’il ne s’agissait pas d’une véritable « guerre » mais plutôt de « gifles » et de « coups » infligés à la population congolaise. Il aurait également critiqué le manque de moyens des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), en déclarant avoir vu des militaires se rendre au front à moto.

Une position pour le moins surprenante lorsque l’on connait le nombre de morts et de déplacés lié au conflit dans cette partie de la RDC. Mais Koffi est un habitué des déclarations controversées et des polémiques.

Ces propos ont été jugés « démobilisateurs » par le CSAC, qui accuse Koffi Olomidé de « dénigrement » et de « désinformation ». Le Conseil a également rappelé à l’artiste son devoir de « responsabilité sociale » en tant que figure publique influente.

Une restriction de la liberté d’expression en RDC

En réaction à sa convocation, Koffi Olomidé a déclaré qu’il ne faisait qu’exprimer ses sentiments et qu’il n’avait jamais eu l’intention de nuire à l’armée congolaise. Il a également présenté ses excuses à ceux qui ont pu être offensés par ses propos. Par ailleurs, la direstion de la télévision a suspendu le journaliste Jessy Kabasele.

La polémique autour des déclarations de Koffi Olomidé met en lumière la question de la liberté d’expression en RDC, un pays où les journalistes et les artistes sont souvent sous pression de la part des autorités. Il reste à voir quelles seront les sanctions prises par le CSAC contre l’artiste, mais aussi contre le journaliste.

Une dérive régulière

Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de préoccupations croissantes concernant la dérive autoritaire du régime en RDC et les restrictions de plus en plus sévères imposées à la liberté d’expression. Au cours des dernières années, sous la présidence de Félix Tshisekedi, de nombreux observateurs, organisations de défense des droits de l’homme et membres de la société civile ont dénoncé une tendance inquiétante à la répression des voix critiques, qu’elles proviennent de journalistes, d’artistes, d’activistes ou de simples citoyens.

La convocation de Koffi Olomidé par le CSAC, ainsi que la suspension du journaliste, bien qu’elle concerne des propos potentiellement problématiques, soulève des questions sur les limites de la liberté d’expression et le risque d’une utilisation abusive du pouvoir pour museler les critiques envers le gouvernement.

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