Le bras de fer continue. Le principal opposant ougandais, Kizza Besigye, devrait être de retour jeudi à Kampala après deux semaines passées au Kenya, où il a été hospitalisé. Le candidat malheureux à l’élection présidentielle de février 2011 avait été violemment malmené par la police le 28 avril. Pour l’actuel chef d’Etat ougandais, Yoweri Museveni, dont il fut l’ancien médecin personnel, le Dr. Besigye est devenu l’homme à abattre.
Un duel sans merci. Le leader de l’opposition ougandais, Kizza Besigye, qui s’est vu refuser mercredi le droit d’embarquer dans un avion kenyan en partance pour Kampala devrait être de retour jeudi dans le capitale ougandaise. Il séjournait pour des raisons médicales au Kenya, le pays voisin, après avoir été violenté deux semaines plus tôt par la police alors qu’il s’apprêtait à participer à une énième manifestation contre la vie chère. Il a été blessé à la cage thoracique, et ses yeux ont été endommagés par les gaz lacrymogènes. Cette arrestation télévisée, faisant suite à trois autres au cours du même mois, a provoqué des violences à Kampala où au moins deux morts par balles, plus de 120 blessés et près de 360 arrestations ont été dénombrés.
L’homme à abattre
Le chef du Forum pour le changement démocratique (FDC) est devenu l’homme à abattre après sa défaite lors des élections présidentielles de février 2011 avec 26% des suffrages. Depuis, il a fondé un mouvement de protestation contre la vie chère, « Walk to Work », destiné à porter le mécontentement populaire autour de la hausse des prix alimentaires et du transport notamment. Le challengeur de Yoweri Museveni est sous le coup de plusieurs accusations, dont l’incitation à la violence et la participation à un rassemblement illégal. La carrière fulgurante de Warren Kizza Besigye Kifefe, 54 ans, a marqué l’arrêt à partir de 2001, quand il a présenté pour la première fois sa candidature à la présidence de la République d’Ouganda. Le candidat malheureux a néanmoins vu sa côte de popularité augmenter entre cette élection et celle de 2006, où il a gagné 9 points, passant de 28% des suffrages à 37%. Entre temps, il a dû s’exiler quatre ans en Afrique du Sud et n’est revenu qu’en 2005, à la veille du scrutin présidentiel. Il a par la suite fait l’objet de nombreuses poursuites judiciaires pour terrorisme, trafic illégal d’armes et viol. Il est accusé d’avoir des liens avec l’Armée de Rédemption du peuple, un groupe rebelle qui sévit dans le pays.
Du jeune médecin de Yoweri Museveni à l’opposant politique
Ancien colonel de l’armée, le docteur Besigye a pourtant été autrefois un proche de Yoweri Museveni dont il fut le médecin personnel pendant la guerre de 1980-1986. Il était membre de l’Armée nationale de résistance qui a amené l’actuel chef d’Etat au pouvoir en 1986. A peine âgé de 29 ans, il est promu ministre des Affaires intérieures par son ancien patient au moment de son accession à la magistrature suprême. Il va occuper plusieurs postes d’envergure jusqu’en 2001. Date à partir de laquelle il n’a cessé de critiquer le régime de Yoweri Museveni, estimant que les Ougandais vivent dans une « dictature ».
Kizza Besigye va dénoncer des fraudes électorales à chaque élection présidentielle à laquelle il arrive invariablement à la seconde position. Avant la proclamation des résultats du scrutin de 2011, le dernier en date, l’opposant n’a pas exclu l’hypothèse d’un soulèvement populaire en cas de fraude. Ayant fini par se plier à la décision de la Commission électorale qui a validé la victoire du président sortant, le docteur Besigye a créé avec d’autres responsables d’opposition le mouvement « Walk to Work » qui fait chaque semaine un peu plus d’adeptes. Hier, les autorités en arrosant les manifestants de peinture rose a essayer d’humilier l’opposition. Mais il en faudra sans doute beaucoup plus pour désamorcer le mécontentement. Le combat que se livrent l’homme fort d’Ouganda et son ancien médecin semble loin d’être terminé.
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