La troisième ville de la R.D.C. subit depuis lundi la reprise des duels d’artillerie entre les deux » alliés « . Le Rwanda et l’Ouganda défendent désormais des factions congolaises différentes.
L’AFP rapporte, ce vendredi, la poursuite de combats violents à Kisangani, au Nord-Est de la République démocratique du Congo (R.D.C.) entre l’Armée patriotique rwandaise (APR) et les Forces de défense du peuple ougandais (UPDF). Un représentant de l’Onu à Kigali estimait que 1 000 civils congolais, dont au moins un tiers d’enfants, auraient perdu la vie depuis lundi dans ces affrontements.
Les rues de la ville sont le théâtre de duels d’artillerie de plus en plus violents. Le cessez-le-feu obtenu jeudi par Kofi Annan, le secrétaire général de l’Onu, n’a entraîné qu’une accalmie de quelques heures dans la soirée. Les appels de Paul Kagame, président du Rwanda et de Museri Yoseweni, président de l’Ouganda, n’ont pas eu plus d’effet.
Dernier à avoir échoué, le représentant de l’Union européenne dans la région des Grands Lacs, Aldo Ajello, n’a pu exprimer que sa colère devant la poursuite des combats : » Ce qui se passe à Kisangani est inacceptable, car c’est une sorte de guerre à l’intérieur d’une première guerre, qui n’a aucune justification. »
Richesse et malheur
Les raisons de l’affrontement entre les deux pays alliés n’ont jamais été clairement énoncées. Paul Kagame a été le brillant second de Yoseri Museweni dans sa lutte pour la conquête du pouvoir en Ouganda. En retour, l’Ouganda a été le principal soutien du FPR rwandais à l’époque où ce parti entamait une lutte à mort contre le président Juvénal Habyarimana – dont l’assassinat en 1994 a provoqué le début du génocide au Rwanda.
Le soutien accordé par les deux pays à des factions congolaises opposées semble, en fait, masquer la rivalité de deux prédateurs attachés à une seule proie : la prodigieuse richesse diamantifère de la malheureuse R.D.C. Les perspectives d’un épuisement du conflit zaïrois, et donc de retour à la paix, ne peuvent qu’attiser l’antagonisme du Rwanda et de l’Ouganda. Chacun cherche en effet à assurer ses positions avant le début de la négociation.