Kirikou revient le 7 décembre au cinéma avec de nouveaux exploits. Contées par son grand-père, les nouvelles aventures du petit Africain, sans être une suite de Kirikou et la Sorcière, reprennent et précisent le premier volet. Sept ans après, Michel Ocelot, le « papa » du petit prodige, a su recréer l’enchantement.
« L’histoire de Kirikou et la sorcière était trop courte. On n’a pas eu le temps de rapporter tout ce que l’enfant Kirikou avait accompli. Et il a vraiment accompli de belles et bonnes actions, qu’il ne faut pas oublier je vais vous les raconter». Les premiers instants du film donnent le ton. Interpellé, le spectateur est instantanément transporté dans l’Afrique intemporelle et merveilleuse. Trônant magistralement dans sa grotte bleue, le grand-père de Kirikou, à la manière des conteurs de l’Afrique traditionnelle, s’apprête à dévoiler les ellipses du premier opus Kirikou et la Sorcière, sorti il y a sept ans. Le vieux sage prévient : Kirikou et les bêtes sauvages n’est pas une suite, mais un complément des premières prouesses du génialissime garçonnet.
Dès mercredi au cinéma, les fans de Kirikou connaîtront ses autres exploits. Les histoires sont claires et donnent un aperçu de la vie et de ce que peut être, parfois, la réalité de la vie des villages africains. En quatre belles fables, l’enfant Kirikou, toujours infaillible, et sans autre arme que sa vive intelligence, excelle dans le rôle du tout petit au courage de géant. Et il en faut du courage et de l’ingéniosité pour, tour à tour exceller en jardinier, enquêteur, potier, marchand et même médecin ! Kirikou brave toutes les difficultés du quotidien. Karaba la sorcière, qui n’est pas encore sa promise, est toujours aussi méchante, et entend bien entraver sa route. « Je suis contre les porte-bonheur et autres gri-gris, je n’y crois pas », confie à Afrik, Michel Ocelot, auteur et réalisateur des deux Kirikou. « La nudité impressionnante symbolise son innocence et sa franchise. On se cache trop souvent derrière l’apparence. Kirikou, c’est le héros qui réussit sans artifice ».
L’Afrique plus belle
Aidés par des décors enchanteurs, au fil du film, les voyages de Kirikou renforcent l’impression de suivre un conte initiatique, tradition orale si chère aux coutumes africaines. Des herbes de la savane ouest-africaine au sommet du Kilimandjaro en passant par les chutes du lac Victoria, l’Afrique, vive en couleurs, est sublimée par le coup de crayon de Michel Ocelot, qui garde de « merveilleux souvenirs » de son enfance passée en Guinée Conakry. « La mécanique du film est totalement différente. C’est une promenade et non une légende. Il faut admirer l’Afrique, c’est un retour au village », insiste l’auteur-réalisateur. Plus présente encore et plus impressionnante que dans le premier épisode, notamment grâce à l’intervention des bêtes sauvages, l’Afrique, majestueuse, s’impose comme un personnage à part entière.
Kirikou est entouré de tous les personnages du film précédent. Le village est toujours tenu par les femmes, en l’absence des hommes partis combattre Karaba la sorcière. Les personnages semblent moins crédules, comme « contaminés » par le héros. Plus curieux des choses, ils semblent moins enclins à se livrer à la providence et à rendre Karaba responsable de tous leurs maux. Un personnage n’évolue pas, voire même régresse : celui du vieillard du village. « Je montre un bon vieillard et un mauvais, les anciens n’ont pas forcément la clef de tout », affirme Michel Ocelot. Ce vieillard qui croit fermement tout savoir, peut être opposé au grand-père de Kirikou. Ce dernier, très philosophe, dit ne savoir que très peu de choses. Mais le vieux du village incarne plus encore l’anti Kirikou. Il s’accroche à ses certitudes là où l’enfant questionne, il refuse le moindre changement quand Kirikou innove. Il incarne l’Afrique arriérée et figée devant l’enfant Kirikou, symbole de l’Afrique qui gagne.
Un « Kirikou » plus fort
Les nouvelles tribulations de Kirikou sont rythmées par un trio de grands noms de la musique africaine. Le Camerounais Manu Dibango et la Malienne Rokya Traoré viennent prêter main forte au Sénégalais Youssou N’dour, déjà présent sur la première bande originale. Avec la diversité des sonorités – Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale – les nouvelles contributions continuent de parfaire la promenade à travers le Continent noir. Avec un budget plus conséquent que celui de Kirikou et la sorcière – un million d’euros en plus-, une grande promotion grâce à de nombreux produits dérivés, et une distribution dans un nombre de salles plus important – les cinémas UGC et Gaumont complèteront les écrans des cinémas d’arts et d’essais – Kirikou et les bêtes sauvages est très attendu là où le premier avait réussi un tour de force d’outsider. Le Kirikou nouveau réussira-t-il à braver Chicken little, le poulet made in Disney, sortant sur les écrans le même jour ? « Je ne l’ai pas vu, j’ai eu des échos », a déclaré Michel Ocelot. « J’ai l’habitude de me mesurer aux Disney. Je suis Kirikou, je suis le petit Africain qui n’a pas peur. »