Le président kenyan Mwai Kibaki a désigné une commission chargée de réexaminer le plus grand scandale financier de l’histoire de son pays. L’affaire Goldenberg, qui remonte à 1992, a compromis l’ensemble de la classe dirigeante kenyane. Les pertes qu’elle a fait subir au Trésor sont estimées à 600 millions de dollars.
Mwai Kibaki avait promis de s’attaquer au fléau que constitue la corruption, au Kenya, lors de son accession au pouvoir le 30 décembre dernier. En désignant une commission de quatre juges chargés de réexaminer l’affaire Goldenberg, le président kenyan souhaite clore au plus vite » l’un des plus ignominieux chapitre de l’histoire économique de la nation « . Le » scandale Goldenberg « , devenu proverbial, plombe l’économie du Kenya depuis 1992. Depuis cette date, les bailleurs de fonds ont refusé de collaborer avec le président Daniel Arap Moi et son gouvernement, tant que la lumière ne serait pas faîte sur cette affaire. Les estimations quant aux pertes subies par le Trésor varient entre 230 et 600 millions de dollars.
Impunité
» La Commission est rendue nécessaire par le besoin de démêler l’ensemble des transactions réalisées dans le cadre de ce que l’on appelle l’affaire Goldenberg « , assure la présidence de la République. Le président de la société Goldenberg, M Kamlesh Pattni, s’est vu régler une somme de 230 millions de dollars, en 1992, contre des exportations d’or et de diamants qui n’ont jamais existé. L’homme d’affaire indien a bien été arrêté 24 heures durant en janvier 1995, mais il fut rapidement remis en liberté. Le fait est que la Kanu (Union nationale du Kenya), le parti du président Daniel Arap Moi, alors au pouvoir depuis 14 ans, aurait largement bénéficié des fonds publics détournés lors de la transaction illicite. Les principaux acteurs du scandale initial, sur lequel d’autres sont venus se greffer, n’ont jamais été inquiétés.
Pression internationale
La Commission permettra de ne pas oublier quels » préjudices énormes cette affaire a fait subir à l’économie kenyane et aux institutions du gouvernement « , précise le président Mwai Kibaki. La confrontation entre le gouvernement kenyan et la communauté internationale qui suivit le scandale financier a aboutit en juillet 1997 au blocage d’une somme de 205 millions de dollars, normalement destinée au pays, par le FMI (Fonds monétaire international). Depuis cette date, l’instance monétaire maintient un prêt d’une valeur de 230 millions de dollars, subordonné à une plus grande efficacité de l’Agence contre la corruption et à la sanction du scandale Goldenberg.
Les analystes financiers ont relevé depuis deux mois de sérieux efforts dans le domaine de la lutte contre la corruption de la part du président Mwai Kibaki. Sa dernière décision pourrait permettre de réhabiliter le Kenya auprès des instances financières internationales et débloquer des fonds dont le pays a aujourd’hui grand besoin.