Khartoum et Juba, à la frontière de la guerre ?


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Les affrontements à la frontière entre les armées du Soudan et du Sud-Soudan ont obligé les deux pays à suspendre leurs négociations. Alors que le Nord a rappelé sa délégation qui participait à des pourparlers de paix à Addis-Abeba, le Sud mobilise ses habitants pour se défendre en cas de guerre.

A Addis-Abeba, les pourparlers entre le Soudan et le Sud-Soudan ont été interrompus. Depuis deux jours, les zones frontalières sont le théâtre de violents affrontements. Khartoum a rappelé sa délégation venue à Addis-Abeba pour participer à des pourparlers avec son voisin du Sud, sous l’égide de l’Union africaine (UA), rapporte la radio officielle soudanaise. Les négociations connaissaient pourtant, encore en mars, une avancée positive avec l’annonce d’une visite historique à Juba du Président soudanais Omar el-Béchir chez son homologue Salva Kiir. Un rendez-vous finalement annulé à cause des combats des 26 et 27 mars. Khartoum et Juba s’étaient livrées une bataille sans précédent avec au programme : raids aériens, interventions de chars et de l’artillerie lourde.

Pour l’heure, côté Nord, les députés ont mobilisé et mis en alerte les habitants. Un comité de mobilisation avait cependant déjà été mis sur pied en mars par le Président el-Béchir.

Au Sud, on prépare aussi la population à se défendre en cas d’attaque de l’armée soudanaise. Le président de l’Assemblée nationale, James Wani Igga, a lancé un appel ce mercredi aux habitants du pays. « Khartoum pourrait chercher une vraie guerre (…) Si vous ne vous défendez pas, vous serez anéantis, alors vous devriez aller mobiliser la population sur le terrain pour qu’elle soit prête », a-t-il lancé à l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) dont une partie est occupée à tenir ses positions sur le champ pétrolier d’Heglig, revendiqué par les deux pays et pris à Khartoum mardi.

Par ailleurs, l’Union africaine (UA) a demandé ce mercredi « le retrait immédiat et sans condition » des troupes sud-soudanaises de la région d’Heglig. Dans un communiqué, elle appelle « les deux parties à faire preuve de la plus grande retenue et de respecter l’intégrité territoriale de l’autre Etat ».

Une guerre de pétrole

Des troupes de l’APLS étaient en mouvement mercredi à Bentiu, en direction de la frontière, d’après une journaliste de l’AFP. La veille, un bombardier soudanais aurait survolé la zone de Bentiu et de Heglig et lâché au moins une bombe. Le Soudan a promis mardi soir de réagir « par tous les moyens » face à ce qu’il considère comme une agression sur son territoire au Kordofan-Sud, dernier état pétrolier du Soudan.

A son indépendance en juillet 2011, le Soudan du Sud a hérité des trois-quarts des réserves pétrolières du Soudan. Heglig représente une part gigantesque de ce que produit encore le Nord. Depuis la séparation des deux pays, Khartoum et Juba ont du mal à s’entendre sur les frais de passage que le Sud doit payer pour exporter sa production à travers les oléoducs du Nord dont il dépend.

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