Le Sénat américain vient de proroger, pour cinq ans, la loi sanctionnant les entreprises étrangères investissant plus de 20 millions de dollars dans les hydrocarbures en Iran et en Libye. George Bush voulait réduire cette prorogation à deux ans. Les Sénateurs américains ont décidé de se passer de l’avis du président.
Il faut croire que le leadership américain se fissure, battu en brèche par l’Union européenne et même, position rarissime, par son allié traditionnel, l’Angleterre. La Libye de Khaddafi attire toutes les convoitises européennes. Le Guide devient fréquentable.
Les entreprises françaises, italiennes et anglaises font les salles d’attente à Tripoli. La société parapétrolière Bouygues Offshore annonce triomphalement avoir remporté deux contrats en Libye pour la Compagnie des Pétroles Total Libye pour un total de 39 millions de dollars. C’est bien plus du seuil des 22 millions de dollars fixé par les Etats-Unis. Ce n’est pas la première fois que les entreprises françaises outrepassent le cadre légal dicté par l’administration américaine.
Gifle amicale. Plus de 270 entreprises anglaises, et non des moindres, ont participé, il y a deux mois, à une foire commerciale britannique à Tripoli. Les affaires d’abord, l’amitié ensuite. Et les entreprises américaines, en premier lieu celles des hydrocarbures, effarées par le nombre de marchés que les Européens s’adjugent grâce à la politique agressive de leur administration, montent au créneau. Le lobby du pétrole, il n’est pas étranger à l’élection de G. W. Bush, entend infléchir la politique américaine. C’est Bush Junior qui sera amené à enterrer la politique étrangère de Bush Senior. Malgré lui.
Le Guide libyen, dopé par la création de l’Union africaine, son initiative personnelle, et par son retour sur la scène internationale, continue de donner le tournis à tous les politiques et aux analystes. Non seulement les Etats-Unis n’ont pas réussi à le détrôner, mais il contribue à faire émerger une synergie européenne pour contrecarrer l’hégémonie américaine.