Khadafi privatise


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Révolution en Libye : Mouamar Khadafi vient d’annoncer sa volonté de privatiser les entreprises qu’il avait lui-même nationalisées en 1969, notamment celles qui gèrent le pétrole, principal revenu du pays. L’abolition des entreprises publiques répond à une volonté affichée d’assainir et de développer l’économie nationale.

Le Guide libyen fait sa révolution économique. Après avoir nationalisé l’économie libyenne lors de son accession au pouvoir en 1969, il plaide aujourd’hui pour un  » capitalisme du peuple  » et appelle à la privatisation. Dans un discours au Parlement vendredi dernier, Mouamar Khadafi a déclaré que le secteur public  » avait échoué  » et devait être aboli, même en ce qui concerne l’industrie pétrolière, nerf de l’économie du pays, qui représente 90% de ses ressources avec une production de 1,3 million de barils/j. Jusqu’à présent, c’est la Compagnie nationale pétrolière (NOC) et ses 33 filiales qui contrôlent le pétrole et le gaz libyens.

Mouamar Khadafi souhaite la création de sociétés qui ne seront pas  » des propriétés de l’Etat mais celles de Libyens « . Dans le cadre de la privatisation, les entreprises libyennes seraient autorisées pour la première fois à faire des joint-ventures avec des compagnies étrangères pour la prospection, l’exploitation, la production et la vente du pétrole. Ce dernier ne sera pas le seul secteur à être privatisé : banques, aéroports, routes, aciéries, cimenteries et autres  » entreprises publiques  » sont également visés.

Fonctionnaires irresponsables

Khadafi a fustigé vendredi  » l’irresponsabilité  » des fonctionnaires, accusant le secteur public d’avoir perdu des milliards de dollars par manque d’expertise, de moralité et de patriotisme. Il estime qu’ils ont fait courir à l’économie de graves dangers aujourd’hui à éviter.  » Le secteur public a échoué dans son rôle d’établir des industries fortes, comme l’électricité ou les bâtiments et les travaux publics « , a déclaré samedi en écho le ministre des Affaires Etrangères, Abdel Rahman Shalqam, à la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera.

Mouamar Khadafi a donc décidé de réorganiser de fond en comble l’économie d’Etat. De l’avis de plusieurs experts, les réformes étaient devenues inéluctables. Avec un taux de chômage de 30% et des sanctions internationales qui pèsent toujours sur le pays, la Libye a besoin de plus de compétitivité et d’investissements étrangers.

Volonté d’ouverture

Les prémisses de cette ouverture économique se sont déjà timidement fait sentir depuis un moment. En effet, depuis 1979, la NOC est autorisée à passer des contrats avec des compagnies pétrolières étrangères et depuis quatre ans, le secteur pétrolier fait de l’oeil aux compagnies occidentales. La Libye a annoncé en janvier 2002 son intention d’ouvrir son économie et a lancé en mai 2002 un ambitieux plan d’investissement de 35 milliards de dollars sur trois ans, incluant une forte proportion de capitaux étrangers (30 à 40%), particulièrement dans les secteurs pétrolier et industriel.

Ainsi, la Libye serait en pourparlers avec différentes compagnies européennes qui ont montré un intérêt à investir dans le pétrole libyen mais aussi dans des projets d’infrastructures comme des lignes de chemin de fer. Pour accélérer le passage de l’économie centralisée à une économie de marché, Mouamar Khadafi a nommé samedi un nouveau gouvernement. Avec à sa tête l’ancien ministre de l’Economie, Choukri Ghanem, il est chargé d’appliquer la politique d’ouverture économique voulue par le Guide.

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