Kenya : une révolution verte dans les filières thé et café


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Agriculture verte

Face aux défis climatiques qui menacent ses cultures emblématiques, le Kenya, premier exportateur mondial de thé noir et producteur reconnu de café arabica, s’engage dans une transformation profonde de ses pratiques agricoles. L’intégration d’un « supplément vert » dans ses chaînes de valeur représente une stratégie nationale ambitieuse, alignée sur les objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

Le Kenya occupe une position dominante sur le marché mondial du thé et joue un rôle significatif dans la production de café de qualité. Ces deux filières constituent les piliers de son économie agricole et s’inscrivent au cœur de sa stratégie de développement économique. Face aux effets croissants du changement climatique, le pays s’oriente désormais vers une approche plus durable, conciliant performance économique et responsabilité environnementale.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre plus large de la mise en œuvre de la ZLECAf, dont le Kenya est un acteur clé. En collaboration avec la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et plusieurs partenaires internationaux, notamment le Danemark via DANIDA, le gouvernement kényan mobilise l’ensemble des parties prenantes autour de cette transition écologique.

Un secteur vital pour l’économie nationale

L’importance économique et sociale des filières thé et café au Kenya se mesure à leur contribution majeure à l’emploi : elles représentent près de 50% des emplois salariés dans le secteur agricole. Avec une production annuelle d’environ 535 000 tonnes, le Kenya s’impose comme le premier exportateur mondial de thé noir, principalement cultivé dans les régions fertiles du mont Kenya et du lac Victoria.

Le café kényan, reconnu mondialement pour la qualité exceptionnelle de son Arabica, constitue également une source essentielle de devises étrangères. Cultivé sur les hauts plateaux, il bénéficie de conditions climatiques idéales qui lui confèrent des caractéristiques organoleptiques recherchées sur les marchés internationaux.

La menace climatique sur ces cultures d’excellence

Ces secteurs d’excellence sont aujourd’hui confrontés à des menaces climatiques graves. Les plantations subissent une diminution progressive des rendements, tandis que la dégradation des sols fertiles compromet leur productivité future. Les perturbations des régimes pluviométriques déstabilisent les cycles de culture traditionnels, situation aggravée par la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes qui peuvent anéantir des récoltes entières.

« Les changements climatiques ont déjà un impact mesurable sur nos productions de thé et de café« , affirme un expert agricole, « Sans adaptation rapide de nos pratiques, nous risquons de perdre jusqu’à 30% de nos zones de production optimales d’ici 2050. »

Une stratégie nationale à long terme

L’intégration du supplément vert dans la stratégie nationale de mise en œuvre de la ZLECAf répond à un double impératif. Elle vise d’abord à préserver et renforcer la compétitivité des produits kényans face aux nouvelles exigences environnementales des marchés internationaux, de plus en plus strictes. Elle permet également au Kenya de contribuer aux objectifs continentaux d’intégration économique et de développement durable, positionnant le pays comme un leader régional de l’agriculture responsable.

Les marchés internationaux évoluent rapidement vers des standards environnementaux plus exigeants. « Notre transition vers des pratiques plus durables n’est pas seulement une nécessité écologique, c’est aussi un impératif commercial pour maintenir nos parts de marché. » nous a expliqué un agriculteur local.

Un plan d’action multi-dimensionnel

La transformation écologique des filières thé et café s’articule autour de plusieurs axes stratégiques complémentaires. La modernisation des pratiques agricoles figure au premier plan, avec l’adoption de techniques agroécologiques permettant de restaurer la biodiversité des sols et d’améliorer leur résilience. L’innovation financière constitue le deuxième pilier de cette transformation, à travers le développement d’instruments financiers spécifiquement conçus pour soutenir la transition écologique des producteurs. Puis, le renforcement des capacités locales représente un troisième axe fondamental, comprenant la formation des agriculteurs aux pratiques durables et un accompagnement technique soutenu tout au long de leur transition. Enfin, la valorisation commerciale de l’excellence environnementale complète ce dispositif, avec la création de labels et certifications mettant en avant les pratiques durables et permettant une meilleure valorisation des produits kényans sur les marchés internationaux.

Cette transition s’appuie sur une concertation régulière entre tous les acteurs de la filière : producteurs, transformateurs, exportateurs, chercheurs et pouvoirs publics. Des ateliers de validation réunissent périodiquement l’ensemble des parties prenantes pour évaluer les progrès réalisés et ajuster les stratégies.

La CEA : un partenaire stratégique

Fondée en 1958 par le Conseil économique et social des Nations Unies, la Commission économique pour l’Afrique joue un rôle catalyseur dans cette transformation. Son expertise technique et son réseau international permettent d’accompagner efficacement les États membres dans l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies de développement durable adaptées aux réalités africaines.

L’expérience kényane pourrait servir de modèle pour d’autres pays producteurs en Afrique et l’initiative kényane d’intégration du supplément vert dans les chaînes de valeur du thé et du café illustre la vision du continent pour son avenir économique : une croissance inclusive, durable et résiliente, capable de répondre aux défis climatiques tout en créant de la valeur économique et sociale.

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