Au Kenya, les révélations du ministre Justin Muturi sur l’enlèvement de son fils par les services secrets mettent en lumière une crise sécuritaire et une vague de disparitions inquiétantes.
Le Kenya est sous le choc après les révélations explosives de Justin Muturi, ministre des Services publics, concernant l’enlèvement de son fils Leslie. Cet événement remonte au juin dernier, mais ce n’est qu’en début de semaine que Muturi a décidé de briser le silence. Il accuse directement les services de renseignement kenyans d’avoir orchestré cet enlèvement, une accusation qui a mis en lumière une crise sécuritaire inquiétante dans le pays.
Une nuit de cauchemar pour une famille ministérielle
Selon le témoignage de Justin Muturi, son fils Leslie a été kidnappé alors qu’il se rendait à une fête à Nairobi. Des hommes armés et cagoulés l’auraient intercepté avant de le faire disparaître. Dans sa quête désespérée pour retrouver son fils, le ministre a multiplié les appels aux hauts responsables de la sécurité nationale, sans obtenir de réponse claire.
Face à l’angoisse, Muturi s’est rendu directement auprès du président William Ruto. Ce dernier, après avoir contacté le chef des services secrets, aurait confirmé que Leslie était détenue par le Service national de renseignement (NIS). Une heure plus tard, le jeune homme était libéré.
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Un phénomène alarmant : les kidnappings au Kenya
Ce témoignage ne fait qu’amplifier les soupçons croissants d’une implication des autorités dans une vague d’enlèvements qui secoue le pays depuis plusieurs mois. La Commission kenyane des droits humains a recensé plus de 80 cas d’enlèvements, dont certains auraient été orchestrés par des membres de la police ou des agences de renseignement.
Les disparitions sont devenues un problème récurrent depuis les manifestations de juin dernier contre la hausse des impôts. Bien que certains captifs aient été relâchés sous pression publique, la majorité des familles touchées continuent de réclamer justice et vérité.
Une dénonciation qui divise
La prise de parole de Justin Muturi, un membre clé du gouvernement, a provoqué des remous politiques. Certains députés pro-gouvernementaux demandent sa démission, l’accusant d’avoir violé le principe de solidarité ministérielle. D’autres, au contraire, saluent son courage et considèrent que ses révélations ouvrent la voie à une transparence nécessaire sur les dérives des services de sécurité.
Cependant, ces accusations mettent également en lumière des tensions internes au sein du gouvernement. En évoquant directement le rôle du président Ruto dans cette affaire, Muturi a franchi une ligne rouge, exacerbant les spéculations sur des désaccords au sommet de l’État.
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Une crise nationale et régionale
La problématique des enlèvements dépasse les frontières du Kenya. Des activistes étrangers, comme la Tanzanienne Maria Sarungi Tsehai, ont également été victimes de kidnappings, ce qui souligne l’ampleur régionale de cette crise.
Face à l’indignation grandissante, le président Ruto a promis à plusieurs reprises de mettre fin à ces pratiques. Cependant, ses déclarations, souvent accompagnées d’appels à la discipline familiale et de critiques envers les jeunes utilisateurs des réseaux sociaux, peinent à convaincre une population inquiète et en quête de justice.