La capitale kényane, Nairobi, et plusieurs autres grandes villes du pays sont en ébullition. Des manifestations ont éclaté en début de semaine contre un projet de nouvelles taxes proposé par le gouvernement du président William Ruto.
La colère de la population, menée en grande partie par la jeunesse, s’est intensifiée jeudi, culminant avec la mort tragique d’un manifestant. Alors qu’un appel à la grève générale pour le mardi 25 juin est lancé, le Kenya est suspendu à l’évolution de la situation.
La montée des tensions
Les manifestations ont pris naissance à Nairobi, où des milliers de jeunes ont défilé dans les rues pour exprimer leur opposition à une série de nouvelles taxes. Le mouvement, baptisé « Occupy Parliament« , a été largement relayé sur les réseaux sociaux, mobilisant la génération Z hors de tout cadre politique. Ces jeunes manifestants exigent le retrait pur et simple du projet de loi de finances. Le mouvement s’est rapidement étendu à d’autres villes, transformant le pays en un théâtre de contestation nationale.
La nuit de violence et la mort d’un manifestant
Jeudi soir, alors que des manifestants se rassemblaient dans une ambiance festive dans le centre de Nairobi, les forces de l’ordre ont riposté avec violence. Des gaz lacrymogènes et des canons à eau ont été utilisés pour disperser les foules. Dans ce chaos, un manifestant a été tué par balle. Mathias Kinyoda, porte-parole d’Amnesty International Kenya, a déclaré que « la personne qui a tiré était en civil mais accompagnait la police« . Un témoin a également affirmé avoir vu la police ouvrir le feu sur le groupe, identifiant l’assaillant comme un policier en civil.
L’enquête et les répercussions
L’Autorité indépendante chargée de la surveillance de la police (IPOA) a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances exactes de cette mort. Selon un rapport de la police de Nairobi, la victime, un homme de 29 ans, a été conduite à l’hôpital avec une blessure à la cuisse et a succombé à ses blessures. Ce décès a exacerbé les tensions et a renforcé la détermination des manifestants à poursuivre leur mouvement.
Les revendications des manifestants
Les manifestants s’opposent fermement aux nouvelles mesures fiscales du gouvernement, qui comprennent une hausse des taxes sur les carburants et les produits exportés, ainsi qu’une TVA de 16 % sur le pain. Bien que le gouvernement ait fait quelques concessions en retirant certaines taxes initialement prévues, les manifestants estiment que les nouvelles mesures proposées ne feront qu’aggraver leur situation financière déjà précaire.
Face à cette situation explosive, les manifestants ont lancé un appel à une grève générale et à une nouvelle journée de manifestations pour le mardi 25 juin. « Occupy Parliament » et « Total Shutdown Kenya » sont les mots d’ordre de cette mobilisation. Les organisateurs espèrent que cette grève générale paralysera le pays et forcera le gouvernement à reconsidérer son projet de loi de finances.
#Kenya: RSF condamne les arrestations arbitraires d’au moins 6 journalistes couvrant une manifestation ce 18/06 à #Nairobi. Certains ont été blessés par les forces de l’ordre. C’est inadmissible. Les autorités doivent protéger les journalistes & les laisser exercer leur travail. pic.twitter.com/Y3zUQnhLpl
— RSF (@RSF_inter) June 20, 2024
Les perspectives pour l’avenir
Le Kenya, locomotive économique de l’Afrique de l’Est, traverse une période critique. La crise actuelle est exacerbée par une inflation galopante et un endettement croissant. Le gouvernement insiste sur la nécessité de ces mesures fiscales pour redresser l’économie, mais la population, déjà accablée par des hausses d’impôts et des coûts de la vie en augmentation, ne voit pas de lumière au bout du tunnel.
La situation reste donc tendue et l’appel à la grève générale de mardi pourrait être un tournant décisif pour l’avenir du Kenya. Les prochains jours seront déterminants si le pays parviendra à trouver un compromis ou s’il plongera davantage dans la crise.