Le projet de construction d’une centrale nucléaire dans le comté de Kilifi, sur la côte nord du Kenya, est de plus en plus contesté. Prévu pour être opérationnel d’ici 2034, ce projet vise à produire 1 000 mégawatts d’électricité pour répondre aux besoins énergétiques du pays. Porté par l’Agence kényane de l’énergie nucléaire et estimé à 4 milliards de dollars, il suscite un large débat.
Les résidents locaux et les écologistes sont montés au créneau, exprimant des inquiétudes quant aux risques de radiation, à la possible destruction des écosystèmes marins, ainsi qu’à l’impact sur la forêt d’Arabuko-Sokoke, célèbre pour sa biodiversité unique. Cette opposition inclut également des acteurs du tourisme, qui redoutent que la construction de la centrale ne détériore l’environnement, ce qui nuirait à la fréquentation touristique et, par conséquent, à l’économie locale.
Une plainte en justice a été déposée pour tenter de bloquer le projet, accusant le gouvernement de ne pas avoir fait preuve de transparence dans le processus d’approbation et de ne pas avoir suffisamment consulté les communautés locales.
Manifestations contre des projets controversés
Cette opposition à Kilifi fait écho à d’autres mobilisations populaires au Kenya contre des projets controversés. En 2023, des manifestants à Lamu se sont opposés à la construction d’une centrale à charbon, craignant une catastrophe environnementale pour ce site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Grâce à la pression des populations locales et des groupes écologistes, le projet a finalement été suspendu.
De même, les paysans et les activistes se sont battus contre des projets d’expropriation liés à des infrastructures dans le cadre de la LAPSSET Corridor, un vaste plan de développement reliant le Kenya à l’Éthiopie et au Soudan du Sud. Des manifestations similaires ont eu lieu à Nairobi contre les expropriations forcées pour la construction d’autoroutes et d’autres grands chantiers, où des résidents de quartiers informels ont vu leurs maisons démolies sans compensation adéquate.
Entre développement et protection de l’environnement
Le Kenya, confronté à la nécessité d’augmenter ses capacités énergétiques, doit trouver un équilibre entre le développement économique et la protection de son environnement. Alors que le pays dispose d’importantes ressources en énergies renouvelables comme le solaire, l’éolien et le géothermique, de nombreux critiques estiment que ces solutions plus écologiques devraient être privilégiées pour éviter les risques posés par des projets comme la centrale nucléaire de Kilifi.