
La capitale kényane a été le théâtre d’une manifestation majeure ce lundi, marquée par la remise d’une pétition au Parlement et à l’ambassade d’Ouganda, réclamant la libération de l’opposant ougandais Kizza Besigye. Cette mobilisation, à l’initiative de plusieurs organisations de la société civile, dont Amnesty International, a rassemblé des dizaines de manifestants à Nairobi.
Ils étaient des dizaines de personnes à avoir pris part, ce lundi, à la manifestation organisée dans la capitale kényane pour exiger la libération de l’opposant ougandais Kizza Besigye. Le choix de Nairobi pour cette manifestation ne procède pas du hasard. En effet, c’est dans la capitale kényane que l’opposant a été enlevé, le 16 novembre dernier alors qu’il assistait au lancement d’un livre dans la capitale kényane, a provoqué l’indignation. Quelques jours plus tard, il réapparaissait devant une cour militaire en Ouganda où il est amené à répondre, entre autres, d’une accusation de trahison passible de la peine capitale.
Des témoignages accablants sur les enlèvements transfrontaliers
Parmi les manifestants, Daniel Selcyanzi, un militant ougandais des droits humains vivant caché à Nairobi depuis cinq ans, a livré un témoignage poignant : « En 2022, j’ai été enlevé et torturé ici au Kenya. Beaucoup d’Ougandais sont enlevés comme moi, à Kisumu, la frontière. Ils sont renvoyés en Ouganda et se retrouvent en prison. On ne peut plus penser qu’on est en sécurité au Kenya. C’est ça la vérité ». Cette pratique, de plus en plus répandue, inquiète les défenseurs des droits humains. En janvier dernier, c’est la militante tanzanienne des droits humains, Maria Sarungi Tsehai, qui a été enlevée à Nairobi.
Davji Atellah, secrétaire général du syndicat des médecins kényans, a rappelé l’importance du passé de Kizza Besigye au Kenya : « Il a travaillé ici, dans les hôpitaux Aga Khan et Kenyatta. Il a donc servi des Kényans. Que Kizza Besigye soit enlevé ici et envoyé dans une prison militaire en Ouganda, signifie que personne n’est en sécurité. Hier, c’était lui, demain peut-être vous. L’injustice faite à une personne est une injustice faite à tous ».
Des actions juridiques en cours
L’état de santé de Kizza Besigye, affaibli par une grève de la faim, suscite l’inquiétude. Selon son avocat, Maître Andrew Karamagi, les conditions de détention de l’opposant sont « absolument inhumaines ». Il a annoncé que des actions ont été engagées devant la Cour de justice est-africaine à Arusha, mettant en cause les gouvernements ougandais et kényan pour leur implication dans cet enlèvement.
Cette affaire met en lumière les tensions croissantes en Afrique de l’est concernant le respect des droits humains et la protection des dissidents politiques. Alors que le procès de Kizza Besigye pour trahison se poursuit, les yeux de la communauté internationale restent tournés vers la région, où la pression des organisations des droits humains ne cesse de croître.