Le gouvernement kényan réclame toujours à la Cour Pénale Internationale (CPI) d’abandonner les poursuites contre l’actuel président, Uhurru Kenyatta, inculpé pour les violences post-électorales de 2007. Le pays a en effet adressé une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU afin d’accélérer les démarches.
« La lettre des Kényan est plutôt étrange car ils demandent en fait quelque chose que le Conseil de Sécurité l’ONU ne peut pas faire ». Cette déclaration provenant d’un diplomate sous le sceau de l’anonymat en dit long sur la préoccupation du gouvernement kényan concernant l’inculpation d’Uhurru Kenyatta par la Cour Pénal internationale (CPI).
Depuis son investiture officielle à la tête du pays le 9 mars dernier, l’actuel gouvernement kényan ne cesse de multiplier les démarches en vue d’obtenir de la CPI qu’elle abandonne toute charge contre le président du pays. Pour Nairobi, c’est une question de stabilité et de paix pour le pays.
Après avoir tenté en vain de rallier l’Union africaine à sa cause, le gouvernement Kényan a, cette fois-ci, pris la décision d’adresser une lettre au Conseil de Sécurité de l’ONU. Ce n’est pas la première fois. Une première lettre avait déjà été envoyée en février 2011.
Mais le Conseil de Sécurité se veut laconique. « Aucune réponse officielle n’a été donnée pour l’instant, mais les Kényans vont se voir dire que leur requête ne mène nulle part », a déclaré un diplomate ayant requis l’anonymat.
Pourquoi le Kenya s’obstine-t-il à demander l’abandon des poursuites contre Uhurru Kenyatta ? Pourquoi avoir saisi le Conseil de Sécurité de l’ONU sachant qu’il n’est point compétent pour résoudre cette affaire ? Quelles seraient les conséquences si la CPI refusait d’abandonner les poursuites ? Quelques unes des nombreuses questions qui tarodent encore l’esprit de beaucoup.
« La CPI campe sur ses positions »
Uhurru Kenyatta est en effet accusé par la Cour Pénale Internationale d’avoir orchestré les violences post-électorales de 2007 qui avaient fait plus de 1 200 morts. Des accusations qu’il continue de nier. « Ma position est claire et demeure sans ambiguïté: je n’ai jamais commis aucun crime », avait-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue à Nairobi en décembre dernier. Mais l’avocate gambienne de la CPI, Fatou Bensouda, campe sur sa position. « La question n’est pas de savoir s’il ira au tribunal, mais quand il ira au tribunal », avait-elle déclaré à des journalistes en marge d’une conférence de presse.
A la question de savoir pour quelles raisons les autorités kényanes auraient saisi le Conseil de Sécurité de l’ONU, la réponse reste toujours une énigme. Le Conseil de sécurité a fait savoir qu’il était impuissant face à cette situation, mais les espoirs qu’il parvienne à obtenir de la CPI qu’elle sursoie aux enquêtes et poursuites durant un an restent toujours possible. L’article 16 du Statut de Rome, fondateur de la CPI, lui procure ce privilège.
Le refus de la CPI d’abandonner les poursuites contre Uhurru Kenyatta peut éventuellement remettre en cause la légitimité d’un président qui avait remporté démocratiquement les élections. Le risque d’embraser un pays, qui vient de sortir d’ une profonde crise politico-sociale, hante déjà les esprits.