Les éleveurs du district de Turkana, au nord du Kenya, ont perdu l’année dernière quelque 100 000 chèvres et moutons touchés par l’épidémie de la peste des petits ruminants (PPP, en anglais), a indiqué un médecin vétérinaire de la région.
Cette maladie, qui n’est pas fréquente au Kenya, est apparue pour la première fois dans le district de Turkana en mars 2006, mais n’a été diagnostiquée qu’au mois de juillet 2006, a expliqué George Omori, le médecin vétérinaire en charge du district de Turkana.
Selon lui, la PPP s’était propagée à presque tout le district entraînant de lourdes pertes parmi les têtes de bétail des communautés d’éleveurs des régions administratives de Lokichoggio, Kakuma, Oropoi et Kibish. Le district de Turkana compte près de 500 000 habitants.
« La plupart des éleveurs de ces régions sont actuellement désespérés et devront être indemnisés », a indiqué M. Omori.
Le district semi aride de Turkana est peuplé en majorité d’éleveurs nomades dont les moyens de subsistance sont souvent mis à mal par les sécheresses récurrentes. L’épidémie de PPP de 2006 s’est déclarée à un moment où les habitants souffraient encore des lourdes pertes de bétail causées par la sécheresse de 2005.
Plusieurs cas suspects de PPP avaient également été signalés dans la région de Karamoja, dans le nord-est de l’Ouganda, au Sud-Soudan et dans le sud de l’Ethiopie, a souligné Dan Irura, responsable d’un programme de développement de l’élevage dirigé par Vétérinaires sans frontières (VSF-Belgique).
Pour M. Irura, l’épidémie de PPP est un « problème transfrontalier » qui nécessitera une action concertée du Kenya, de l’Ouganda, du Sud Soudan et de l’Ethiopie pour combattre cette épidémie lorsqu’elle sera confirmée dans ces pays.
Entre février et juin 2007, VSF-Belgique, en partenariat avec les services de l’élevage du Kenya et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avait lancé une campagne de vaccination contre la PPP.
Cette campagne a été réalisée dans 112 des 156 communes administratives de Turkana où des échantillons sanguins avaient été prélevés sur 1 840 moutons et brebis testés positifs à la PPP, a dit M. Irura.
Selon le vétérinaire du district, il n’existe pas de traitement curatif contre cette infection virale, la vaccination des bêtes étant le seul moyen de les protéger de la maladie.
Pour M. Irura, les quelque 1,4 million de doses de vaccin [PPP] importées de Jordanie et utilisées pendant la campagne de vaccination ont permis de juguler l’épidémie. Une étude épidémiologique a été lancée pour déterminer l’impact de cette campagne de vaccination, a-t-il ajouté.
Le district de Turkana compte environ deux millions de chèvres et un million de moutons, a affirmé M. Omori.
La PPP se manifeste généralement par une grande dépression, une augmentation de la température corporelle, un écoulement nasal, des lésions à la bouche et une diarrhée. Cette maladie est mortelle dans 90 pour cent des cas, a-t-il précisé.
D’après le Système d’information vétérinaire avancé – Advanced Veterinary Information Service – (AVIS) basé à Londres, la PPP est une maladie contagieuse très répandue en Afrique sub-saharienne et dans la Péninsule arabique. Elle est également présente dans la plupart des pays du Moyen-Orient et de l’Asie du sud-ouest et ressemble à la peste bovine.
La durée d’immunité conférée par le vaccin contre la peste des petits ruminants serait d’environ trois ans, selon AVIS.