Les Kenyans étaient en liesse ce vendredi après la signature d’un accord mettant fin aux affrontements sanglants qui ont fait au moins 1500 morts depuis les élections contestées du 27 décembre dernier. Raila Odinga, le leader l’opposition, prévient que si l’accord n’est pas respecté, le pays risque « la désintégration ».
Les leaders politiques ont fait la paix et les Kenyans ont manifesté leur joie à travers tout le pays ce vendredi, au lendemain de la signature de l’accord entre le président Mwai Kibaki et le chef de l’opposition Raila Odinga, grâce à la médiation de l’Union africaine (UA). L’accord met fin à deux mois de violences qui ont ensanglanté le Kenya, après la victoire contestée du président Mwai Kibaki au scrutin du 27 décembre 2007. L’accord signé jeudi, en présence de Kofi Annan, le médiateur de l’UA et le président en exercice de l’organisation panafricaine, le chef de l’Etat tanzanien Jikaya Kikwete, prévoit la création d’un poste de Premier ministre. Une première dans l’histoire des institutions kenyanes. Réservé à l’opposition, il devrait être occupé par un « un membre élu du Parlement ». Le nouveau Premier ministre sera assisté de deux vice-ministres. L’accord prévoit également un strict respect des rapports de forces au Parlement dans la formation d’un gouvernement d’union nationale. Le document devrait être validé le 6 mars prochain par les députés kenyans.
Le non-respect de l’accord conduirait à une « une désintégration du pays ».
L’ensemble de la communauté internationale a salué la signature de cet accord qui, selon le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, donne « l’espoir d’un retour à la stabilité démocratique » aux Kenyans. Les Etats-Unis, qui avaient menacé de sévir ceux qui bloquaient les négociations, ont aussi exprimé leur satisfaction devant ce qu’ils ont qualifié « d’avancée importante et positive » et assuré qu’ ils « surveilleront de près » son application. Pour le président Thabo Mbeki, « la signature de cet accord est un exemple remarquable de la manière dont les Africains eux-mêmes peuvent trouver un règlement pacifique à leurs problèmes politiques ».
Sur les antennes de la BBC, Raila Odinga, le leader du Mouvement démocratique Orange (ODM) a souligné que « cet accord n’est qu’un bout de papier, le plus important est la volonté (de faire la paix) ». S’il n’était pas appliqué, « ce serait extrêmement regrettable (…). La coalition éclaterait et cela mènerait, à mes yeux, à une désintégration du pays », a-t-il indiqué. Tout en affirmant qu’il avait « confiance que la période que (le Kenya) venait de traverser a été riche d’enseignements et que chacun (tentera) de faire en sorte que cette coalition marche et réussisse ».
Les violences post-électorales, qui ont dégénéré en conflit ethnique, ont causé la mort d’au moins 1500 personnes et déplacé environ 300 000 Kenyans.