Kenya : la jeunesse manifeste contre le projet de loi de finances


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Drapeau du Kenya
Drapeau du Kenya

Les rues du Kenya, d’habitude calmes, sont aujourd’hui le théâtre d’une mobilisation inédite. La jeunesse kényane, rassemblée sous le mot d’ordre « Tuko wengi » (« Nous sommes nombreux »), s’élève contre le projet de loi de finances du gouvernement, et menace d’introduire de nouvelles taxes.

Cette révolte, initiée sur les réseaux sociaux sous le hashtag #RejectFinanceBill2024, a rapidement pris de l’ampleur, et culminé en une série de manifestations massives à travers le pays.

Un mouvement sans précédent : Occupy Parliament

Le mouvement « Occupy Parliament » a vu le jour il y a seulement une semaine, mais il a déjà réussi à mobiliser des milliers de jeunes Kényans. Hors de tout cadre politique, cette génération Z déterminée utilise les réseaux sociaux pour coordonner ses actions et faire entendre sa voix. À Nairobi, des milliers de manifestants ont défilé dans les rues, brandissant des pancartes et scandant des slogans contre le projet de loi. Leur mobilisation a été si puissante qu’elle a obligé le gouvernement à annoncer le retrait de certaines mesures fiscales controversées, bien que les manifestants réclament le retrait complet du projet de loi.

Des revendications claires et une opposition déterminée

Le projet de loi de finances 2024-2025 propose l’instauration de nouvelles taxes, notamment une TVA de 16 % sur le pain et une taxe annuelle de 2,5 % sur les véhicules particuliers. En outre, il prévoit un prélèvement de 2,75 % sur le revenu pour le régime national d’assurance médicale, ainsi que des augmentations de taxes sur l’huile végétale et le carburant.

Bien que le président William Ruto ait retiré certaines de ces mesures, les manifestants estiment que cela ne suffit pas. Ils exigent le retrait intégral du projet de loi, et dénoncent des taxes qu’ils jugent injustes et pénalisantes pour les plus démunis.

Des manifestations étendues et des affrontements violents

Si la majorité des manifestations se sont déroulées dans la capitale, Nairobi, d’autres villes comme Mombasa, Kisumu, Eldoret, et Nakuru ont également été touchées. À travers tout le pays, les jeunes ont défilé, sifflets et vuvuzelas à la main, exprimant leur mécontentement.

La répression policière a été sévère, avec des tirs de grenades lacrymogènes et l’utilisation de canons à eau. À Nairobi, ces affrontements ont malheureusement conduit à la mort d’un manifestant, et au moins 200 personnes ont été arrêtées.

Une génération décidée à ne pas subir

Les jeunes manifestants, majoritairement issus d’une population dont l’âge médian est de 19 ans, sont déterminés à ne pas se laisser faire. Ils refusent de subir les mêmes contraintes que leurs parents et souhaitent un avenir plus juste et équitable. En dépit de l’absence de leadership clair, leur force réside dans leur nombre et leur détermination à s’opposer à ce qu’ils perçoivent comme des mesures gouvernementales injustes et punitives.

Quel avenir pour le projet de loi de finances ?

Alors que le Parlement doit voter le projet de loi de finances avant le 30 juin, l’issue de cette confrontation reste incertaine. Le gouvernement pourra-t-il apaiser la colère de la jeunesse en modifiant suffisamment le projet pour qu’il soit accepté ? Ou bien les manifestations se poursuivront-elles, et forceront un retrait complet du texte ? Ce qui est certain, c’est que la génération Z kényane a montré qu’elle est prête à se battre pour ses droits et son avenir, et à utiliser toutes les plateformes à sa disposition pour faire entendre sa voix.

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