La FIDH et son organisation membre, la Kenya Human Rights Commission sont fortement préoccupées par la grande insécurité qui prévaut actuellement au Kenya, quelques jours après les élections présidentielles et la victoire controversée du candidat sortant, M. Mwai Kibaki, contestée par l’opposition, le Mouvement démocratique orange.
Paris, Nairobi, le 3 janvier 2008
Bien que la Commission électorale du Kenya ait validé les résultats déclarant Kibaki vainqueur, le leader de l’opposition, M. Raila Odinga, ainsi que le Kenya Domestic Observation Forum, KHRC et la Communauté internationale, notamment l’Union européenne, dénoncent de graves irrégularités électorales. Notamment, les contestations portent sur les différences entre le total de voix pour les votes parlementaires et présidentiel dans 49 circonscriptions et le retard de l’annonce officielle des résultats.
Depuis l’annonce des résultats, des protestations sont organisées par des partisans de l’opposition dans les grandes villes du pays, comme Nairobi et Mambassa, sont réprimés dans le sang par les forces de l’ordre, en violation de la liberté d’expression prévue par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par le Kenya. A cet égard, le déploiement de forces armées dans certaines régions est particulièrement inquiétant. En réaction, certains partisans de l’opposition se sont rendus responsables de l’assassinat de Kikuyus, l’ethnie du président Kibaki, ainsi que du pillage et de la destruction de leurs biens. Plusieurs sources indépendantes font état de plus de 300 personnes tuées depuis le 27 décembre 2007, date des élections.
La FIDH et KHRC craignent que ces évènements ne se transforment en graves affrontements ethniques motivés politiquement comme ce fut le cas lors des précédentes élections présidentielles depuis 1992.* Nos organisations appellent au calme considérant les manifestations prévues demain.
La FDIH et KHRC demandent
Aux autorités nationales :
* de respecter la liberté d’expression conformément au Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par le Kenya;
* de faire en sorte que les forces de l’ordre répondent de manière proportionnée aux protestations de l’opposition;
* de s’assurer que tout individu responsable de violation de droits de l’Homme soit poursuivi et jugé;
* d’inviter le Rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions sommaires à se rendre au Kenya;
Aux dirigeants de l’opposition
* d’appeler leurs partisans au calme et de contester les résultats des élections via les procédures légales;
* d’engager un dialogue politique avec M. Mwai Kibaki;
A la communauté internationale :
* de mettre en place une commission internationale indépendante chargée d’enquêter sur la régularité du processus électorale et sur les violations des droits de l’Homme commises pendant et après les élections;
A l’Union africaine :
* d’appeler au dialogue entre les partis politiques pour le retour au calme et à la mise en place d’une commission internationale d’enquête chargée d’enquêter sur la régularité du processus électorale et sur les violations des droits de l’Homme commises pendant et après les élections;
A l’Union européenne et au Secrétariat du Commonwealth :
* de prendre toutes les mesures adéquates considérant les graves violations des droits de l’Homme perpétrées au Kenya.