La Cour pénale internationale (CPI) a décidé de reporter le procès du Président kényan Uhuru Kenyatta poursuivi pour crimes contre l’humanité dans les violences post-électorales de 2007-2008. La juridiction internationale qui s’était dite déterminée à maintenir son procès a de nouveau fléchi face à l’épineux dossier Kenyatta.
A quoi joue la Cour pénale internationale (CPI)? Elle a de nouveau reculé face à l’épineux dossier Uhuru Kenyatta, en décidant de reporter le procès du Président kényan, accusé de crimes contre l’humanité, lors des violences-post-électorales de 2007-2008, qui ont fait près de 1 000 morts et des milliers de déplacés.
Le dirigeant kényan n’en est pas au premier report de son procès, qui devait avoir lieu le 5 février. Pas plus tard que fin décembre, la décision de la procureure Fatou Bensouda avait surpris, lorsqu’elle avait admis que la CPI n’avait pas suffisamment de preuves pour le juger. « Après avoir soigneusement examiné les preuves dont je dispose et l’impact des deux retraits, je suis arrivée à la conclusion qu’actuellement le dossier de M. Kenyatta ne répond pas aux critères élevés en matière de preuves exigées à un procès », avait précisément indiqué Fatou Bensouda. Cette dernière avait avoué qu’il fallait plus de temps à la juridiction internationale pour « obtenir des preuves supplémentaires ».
Un éventuel procès sans preuves et sans témoins
Le Président kényan est visiblement en position de force dans son bras de fer avec la CPI. Plusieurs témoins se sont retirés. Sans compter que début décembre, un second témoin avait admis avoir livré un faux témoignage concernant un « événement crucial ». De son côté, la CPI accuse le Kényan de ne pas coopérer avec elle. Uhuru Kenyatta tout comme son Vice-président Willaim Ruto, poursuivi pour les même motifs, ont à maintes reprises réclamé le report de leur procès, arguant que les déplacements récurrents ne leur permettaient pas de gérer les affaires de leur pays, confronté au terrorisme.
Les deux responsables sont en effet pour le moment les seuls dirigeants en exercice à être poursuivi par la CPI. Une situation critiquée par de nombreux chefs d’Etat africains, se plaignant d’être toujours les seuls à être sur le banc des accusés. L’Union africaine a elle toujours soutenu Uhuru Kenyatta et son Vice-président, faisant pression pour que leur procès soit reporté. Le haussement de ton de l’organisation panafricaine aurait-il bénéficié aux deux accusés kényans ?
De même, le Président rwandais, Paul Kagamé, n’a pas mâché ses mots à l’égard de la CPI. Lors d’une conférence de presse en octobre dernier sur la question, il a déclaré : « Au lieu de promouvoir la justice et la paix, elle (la CPI) a négligé les efforts de réconciliation en humiliant les Africains et leurs leaders pour servir les intérêts politiques des puissants ». Il semblerait qu’il ait dit tout haut ce que beaucoup de dirigeants africains pensent tout bas.