L’Organisation de l’Union Africaine (UA) a profité de son 50ème anniversaire le 25 mai pour s’attaquer à la Cour Pénale Internationale (CPI). En se penchant sur le cas du Kenya, l’UA dénonce une chasse raciale et réaffirme la capacité des Etats africains à résoudre leurs affaires internes.
« Les dirigeants africains ne comprennent pas les poursuites. 99% des inculpés de la CPI sont africains. Au début, l’intention était d’éviter toute impunité, de mauvaise gouvernance ou des choses de la sorte. Mais les choses ont pris une autre tournure. La CPI se livre plutôt à une chasse raciale qu’à de questions crimes ou d’impunités », a déclaré Hailemariam Desalegn, président de l’Union Africaine.
L’Union Africaine (UA) vole à la rescousse du Kenya. Le cinquantième anniversaire de l’UA a été l’occasion pour les pays africains de revenir sur les sujets qui fâchent. En effet, au cœur des discussions entre l’Afrique et le reste du monde, un autre sujet important s’est invité : celui de la vielle histoire entre l’Afrique et la Cour Pénale Internationale (CPI).
En tentant de joindre l’acte à la parole, les chefs africains adoptent lundi à Addis-Abeba une résolution invitant la CPI à renvoyer à la juridiction kényane l’affaire de crime contre l’humanité. Une affaire qui implique l’actuel président Uhurru Kenyatta et son député William Ruto.
Les dirigeants africains estiment ainsi que le Kenya dispose d’une juridiction compétente qui peut lui permettre d’entendre les différents cas et éventuellement statuer à leur propos. La résolution a été soutenue par tous les pays de l’Union Africaine, sauf le Botswana.
Chasse raciale ou acharnement sur les pays africains ? Les questions sont nombreuses. Interrogé par le journal français, La-croix.com, Jean Christophe Rufin, écrivain et diplomate français, relève un détail non moins important. Selon lui, l’acharnement de la CPI sur les pays africains ne s’explique pas par le fait racial, mais plutôt par l’absence de moyens de ces derniers à faire pression pour empêcher les procédures. Le diplomate cite l’exemple de la Chine, régulièrement visée par la Cour pénale internationale mais qui n’est jamais intimidée en raison de son droit de véto au Conseil de sécurité. Un droit de véto dont ne dispose aucun pays africain pour le moment.
« Que des présidents africains inculpés »
Mais ils comptent faire pression pour obtenir de la CPI qu’elle leur concède cette doléance. « Maintenant que le Kenya a réformé son système judiciaire, il doit être capable de gérer ses propres affaires », précise Knosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’UA.
Le Kenya est en effet d’autant plus capable de gérer ses propres affaires qu’il s’est doté d’une nouvelle constitution en 2010 à la suite des violentes émeutes post-électorales de 2007. Le pays a récemment organisé des élections démocratiques, nommé un chef d’exécutif, mis en place une nouvelle Cour Suprême. Mais la CPI semble se passer de tous ces efforts en matière démocratique. De quoi agacer certains.
Depuis sa création en 2002, la CPI n’a inculpé que des présidents africains qui, pour la plupart, sont accusés de crimes de guerre et de crime contre l’humanité. En attendant les pays africains restent mobilisés pour faire exiger de la CPI qu’elle mette un terme à la chasse raciale.