Le Kenya vient de vivre un tournant politique majeur avec la destitution inédite du vice-président Rigathi Gachagua et la nomination rapide de son successeur, le ministre de l’Intérieur Kithure Kindiki. Ce changement intervient au cœur d’un conflit prolongé entre Gachagua et le président William Ruto. Ce différend a abouti à une décision historique du Sénat.
Derrière ce remaniement se cachent des enjeux complexes de pouvoir, de corruption et de rivalités ethniques qui continuent d’alimenter le débat politique au Kenya.
La chute de Rigathi Gachagua : une première historique
Rigathi Gachagua, vice-président du Kenya depuis deux ans, a été destitué après avoir été reconnu coupable de cinq chefs d’accusation sur les onze qui lui étaient reprochés. Les charges incluaient notamment la corruption, l’abus de pouvoir, et l’incitation à la division ethnique. Le Sénat, après une procédure inédite, a mis fin à son mandat. Cette situation fait de lui le premier vice-président du pays à être évincé selon les termes de la Constitution de 2010.
Le conflit entre Gachagua et le président Ruto s’était intensifié au fil des mois. Cela a culminé par sa destitution. Gachaga avait d’abord soutenu Ruto lors de l’élection présidentielle de 2022. Il avait assuré le soutien de la région du Mont Kenya, un bastion électoral capital. Toutefois, la relation entre les deux hommes s’est dégradée. Gachagua a fini par perdre le soutien politique nécessaire pour conserver son poste.
Kithure Kindiki : un choix stratégique pour la stabilité
Quelques heures après la destitution de Rigathi Gachagua, le président William Ruto a agi avec rapidité pour combler la vacance laissée par son vice-président. Le ministre de l’Intérieur, Kithure Kindiki, a été désigné pour reprendre le flambeau. Ce choix ne semble pas anodin, tant Kindiki partage des racines politiques avec Gachagua, étant également originaire de la région du Mont Kenya. Cette nomination semble donc être une stratégie pour maintenir l’équilibre ethnique et politique au sein du gouvernement. Cela, malgré la tempête provoquée par la chute de Gachagua..
Kithure Kindiki, figure respectée pour sa gestion des affaires intérieures, devra désormais jouer un rôle de premier plan dans la gestion du pays. Cela intervient en pleine crise économique et sociale. Alors que le Kenya est confronté à une inflation galopante et à un chômage élevé, ce changement au sommet suscite des interrogations. Il remet en question la capacité du gouvernement à répondre aux défis urgents du pays.
Des accusations lourdes pour Gachagua
Les accusations portées contre Rigathi Gachagua ne sont pas légères. Il aurait accumulé illégalement une fortune d’environ 36 millions d’euros, tout en violant son serment d’office et en incitant à la division ethnique. Ces accusations ont largement pesé sur sa destitution. Son état de santé fragile, marqué par une crise cardiaque présumée lors des dernières heures de la procédure, n’a pas empêché le Sénat de voter en faveur de sa mise à l’écart.
Rigathi Gachagua avait promis de se défendre jusqu’au bout, mais sa chute rapide témoigne des tensions profondes qui existent au sein du gouvernement kényan. Ce procès pourrait également avoir des répercussions sur sa carrière politique, étant désormais exclu à vie de la fonction publique.
Quelles perspectives pour le gouvernement Ruto ?
La nomination de Kithure Kindiki intervient à un moment critique pour le gouvernement de William Ruto. Ce dernier doit faire face à une crise de confiance au sein de son propre parti, tout en répondant aux aspirations d’une jeunesse kényane de plus en plus désillusionnée. Depuis plusieurs mois, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du pays. dénoncent l’accent mis sur les alliances ethniques, au détriment des véritables priorités du peuple, telles que la lutte contre la pauvreté et le chômage.
La nomination de Kindiki est-elle une simple solution temporaire pour apaiser les tensions, ou marque-t-elle un nouveau départ pour l’administration Ruto ? L’avenir politique du Kenya pourrait être façonné par les décisions prises dans les semaines à venir.