Ce vendredi 28 juin, une mosquée de Nairobi a organisé les funérailles d’Ibrahim Kamau, 19 ans, tué par balle lors d’une manifestation antigouvernementale. Cette manifestation visait à protester, mardi dernier, contre le projet de loi fiscale du gouvernement, désormais retiré. Les personnes en deuil ont rendu hommage à Ibrahim Kamau pendant le service funèbre. Ensuite, elles ont porté son cercueil dans les rues de Nairobi.
Son cercueil, couvert d’un drap vert frappé de croissants islamiques, a été acheminé en procession jusqu’au cimetière de Kariokor.
Manifestations et confrontations
Mardi, des manifestants ont pris d’assaut le Parlement et attiré ainsi les tirs de la police dans un chaos qui a fait plusieurs morts. Selon certaines sources, 22 personnes ont été tuées, dont 19 à Nairobi. Par la suite, la police de la capitale a lancé des gaz lacrymogènes jeudi pour disperser les manifestants anti-impôts, qui continuaient à se rassembler malgré le rejet par le Président William Ruto de la loi fiscale impopulaire. Les manifestants déclarent qu’ils ne font toujours pas confiance à M. Ruto, bien qu’il ait renvoyé le projet de loi de finances au Parlement.
Un héros pour beaucoup
Prières et slogans politiques ont marqué les funérailles d’Ibrahim Kamau. Environ quelques centaines de personnes ont participé à l’enterrement. Famille et proches d’Ibrahim Kamau, ainsi que des habitants de son quartier de Biafra, dans l’est de Nairobi, se sont réunis pour une cérémonie à la mosquée locale. En outre, certains hommes ont rejoint le cortège en reprenant des chants religieux et des slogans politiques comme « Ruto must go ». Chico, un ami de la famille, explique que pour beaucoup, Ibrahim Kamau est un héros. Il a été tué aux abords du Parlement quand la police a ouvert le feu à balles réelles sur la foule.
Une contestation plus large
Après deux manifestations largement pacifiques les 18 et 20 juin, la troisième journée du mouvement « Occupy Parliament » a viré au bain de sang. Selon l’organisme officiel de protection des droits humains (KNHRC), 22 personnes ont été tuées dans le pays. Après l’annonce du vote du projet de budget, la foule a pris d’assaut le complexe abritant le Parlement, puis a saccagé et incendié certains bâtiments. Plusieurs ONG affirment que la police a tiré à balles réelles sur la foule.
Un mouvement antigouvernemental
Cette contestation a fortement mobilisé la « Génération Z », avant d’entraîner des Kényans de tous âges. Le mot d’ordre antitaxes est devenu antigouvernemental. Mercredi, le Président Ruto a annoncé le retrait du projet de budget voté par le Parlement. Pourtant, les manifestants continuent de réclamer des changements et de protester contre le gouvernement.