Après une collaboration qui remonte à quelques années, le torchon brûle entre le Président kényan, Uhuru Kenyatta, et son Vice-président, William Ruto. Les deux hommes semblent avoir emprunté un chemin de non-retour.
Plus rien ne va entre le Président kényan, Uhuru Kenyatta, et son Vice-président, William Ruto. Au point où ce dernier a été empêché, lundi, de se rendre en Ouganda pour une visite privée. Arrivé à l’aéroport, William Ruto s’est vu refuser l’embarquement au motif qu’il lui fallait exhiber une autorisation du chef de l’État. Alors que le mois dernier, le Vice-président du Kenya s’était déjà rendu en Ouganda sur invitation du Président Yoweri Museveni. Pourquoi s’est-il, cette fois, vu opposer un refus de voyager ? Pour William Ruto, cette interdiction de voyager passe pour une humiliation politique, une preuve de la « lâcheté » de ses adversaires.
Il se montre, par conséquent, très amer. « On m’a empêché de prendre l’avion pour l’Ouganda parce que le système pense que seuls les enfants de riches et des célébrités peuvent se rendre à l’étranger et dîner avec les Présidents. Mais nous avons Dieu et nous vaincrons. Je préviens les tribalistes et les dynasties que notre patience est à bout et que nous ne nous laisserons plus humilier. Qu’ils m’affrontent ouvertement au lieu de se cacher derrière leurs petits serfs de la fonction publique », a-t-il déclaré.
Il est vrai que depuis plusieurs mois, le courant ne passe plus entre Uhuru Kenyatta et William Ruto qui, selon tout observateur averti de la scène politique, n’étaient liés que par un mariage de raison, né des circonstances qui prévalaient dans le pays en 2013. En juillet 2018 déjà, soit moins d’un an après la réélection du duo, la tension était déjà palpable. « Je n’ai pas soutenu Uhuru Kenyatta [en étant son colistier lors des Présidentielles de 2013 et 2017] pour qu’il soutienne en retour [ma candidature à celle de 2022] », avait déclaré William Ruto au micro de la chaîne NTV.
Deux mois plus tôt (mai 2018), la vaste opération anti-corruption lancée par le Président Kenyatta semblait viser les partisans de son Vice-président soupçonnés de détournements de fonds. Et cette opération est intervenue à un moment où le camp Kenyatta reprochait aux partisans de Ruto d’être déjà en campagne pour la Présidentielle de 2022. Certaines sources locales évoquent même un probable soutien du Président Kenyatta au chef de l’opposition, Raila Odinga, avec qui il a signé un accord de réconciliation, le 10 mars 2018, après plusieurs semaines de crise.