Incroyable mais vrai. Des lions se promènent en liberté dans la capitale kenyane. Dans une banlieue de Nairobi, plus précisément dans le quartier Karen, cohabitent des hommes et des félins. Les incursions de félins dans la ville inquiètent les habitants.
Des félins s’aventurent dans une banlieue de la capitale kenyane, Karen. Cette dernière est passée en un siècle de petite gare ferroviaire à une métropole de trois millions d’habitants. Une clôture sépare pourtant la ville du parc national de Nairobi où y séjournent des félins sauvages, buffles ou rhinocéros. Cette clôture n’empêche pourtant pas les félins de venir vadrouiller à Nairobi. Excepté côté ville, le Parc est totalement ouvert, permettant la migration annuelle des animaux sauvages. Zèbres et gnous migrent traditionnellement hors du Parc par des itinéraires informels, suivis par les félins carnivores en quête de proies, mais l’urbanisation galopante rapproche la ville et les hommes de ces routes.
Inquiétude de la population
Selon le vétérinaire en chef du service kenyan de la Faune (KWS), « les incursions de plus en plus fréquentes de lions dans la ville font augmenter le risque d’attaques contre des humains ». Le KWS a récemment appelé les habitants des quartiers qui le jouxtent à la vigilance « car il est possible que plus d’un lion soit sorti du Parc ». Et les félins ne se sont jusqu’ici pas laissés prendre au piège des cages à appâts, suscitant l’inquiétude chez les habitants. En effet, une lionne et quatre de ses lionceaux a dû être abattue alors qu’elle se promenait avec sa progéniture à Karen, tentant d’attaquer les gardes forestiers. En mai dernier, une autre lionne avait été capturée dans Karen, mais son destin avait été moins tragique puisqu’elle a pu s’échapper et regagner le parc.
Vers une zone protégée?
En sortant du parc national de Nairobi, certains animaux s’égarent. Le président de la Société d’Ecologie pour l’Afrique de l’Est souligne la nécessite urgente d’une politique foncière visant à mettre en place des couloirs formels pour les animaux sauvages. Selon les défenseurs de la nature, la protection de la faune sauvage ne fait pas partie des priorités de la municipalité, confrontée aux inégalités criantes d’une ville où se côtoient villas cossues et bidonvilles sordides et dont infrastructures et services publics sont dépassés par la croissance démographique. Le président du groupe Panthera de protection des félins sauvages, Luke Hunter estime « qu’à travers l’Afrique, les lions ont perdu plus de 80% de leurs territoires historiques et le parc national de Nairobi est une image en réduction de ce qui se passe ailleurs. Les responsables de KWS et d’autres organisations de protection de l’environnement travaillent à l’établissement de couloirs protégés pour la faune sauvage, notamment en référençant les principaux itinéraires suivis ».
« Les lions respectent et craignent les hommes et cherchent à s’en écarter », rappelle M. Hunter, mais « avec l’urbanisation de zones importantes pour les lions, les humains et les lions vont se mélanger de plus en plus (…) et de ce mélange, le lion sort inévitablement perdant. »