Au Kenya, un homme a déposé un recours en justice, le 26 septembre, pour demander la reconnaissance légale de la polygamie pour les chrétiens. Il souhaite amender la loi sur le mariage, adoptée en 2014. Celle-ci autorise la polygamie pour les mariages coutumiers et musulmans, mais l’interdit pour les laïcs, les hindous et les chrétiens.
Bonface Koimburi Ndura, âgé de 78 ans, estime que cette loi est « inconstitutionnelle » car elle ne traite pas tous les citoyens de manière équitable. Il fait également valoir que certains chrétiens considèrent la polygamie légitime, se basant sur des références bibliques, et invoque la liberté de religion pour soutenir sa demande.
Un débat sensible dans un pays majoritairement chrétien
Cette requête pourrait susciter un débat intense au Kenya, où la majorité de la population est chrétienne. En juillet dernier, l’archevêque Maurice Muhatia Katumba, président de la Conférence kényane des évêques catholiques, a réaffirmé son opposition à la polygamie. Le religieux avait souligné son engagement à protéger « le sacrement du mariage ». Lui-même fils d’un père bigame, il se positionne fermement contre cette pratique.
Audrey Mugeni, féministe et fondatrice de l’organisation « Compter les féminicides au Kenya », estime que le véritable enjeu réside dans la manière dont la loi protège les femmes dans les unions polygames. Selon elle, « la monogamie est constamment remise en cause, et aujourd’hui, on parle du polyamour ». Il est à noter qu’une disposition dans la version initiale de la loi permettait aux femmes de refuser la polygamie au moment du mariage, mais elle a été supprimée par les parlementaires.
Montée inquiétante des féminicides au Kenya
Ces dernières années, la violence à l’égard des femmes au Kenya est devenue une grosse préoccupation. Récemment, une série de meurtres perpétrés par un tueur en série a choqué le pays. Plusieurs femmes ont été retrouvées assassinées dans différentes régions, leur disparition ayant soulevé un débat sur la protection des femmes dans la société.
Le nom de ce tueur en série n’a pas encore été révélé par les autorités, mais son mode opératoire semble viser des femmes vulnérables. Ce contexte de violence renforce la question soulevée par Audrey Mugeni, à savoir si les lois actuelles, y compris celles sur le mariage, sont suffisantes pour protéger les droits et la sécurité des femmes dans le pays.