Le président du Kenya Uhuru Kenyatta prête serment ce mardi. De nombreux chefs d’Etat africains assisteront à la cérémonie d’investiture. Malgré son accès à la tête du pays, le nouveau dirigeant kényan est toujours soupçonné par la Cour pénale internationale (CPI) d’être impliqué dans les violences post-électorales de 2007-2008 qui ont fait plus de 1000 morts et 600 000 déplacés.
C’est le jour-J pour Uhuru Kenyatta. Tout comme son père Jomo Kenyatta, il y a cinquante ans, lui aussi va prêter serment ce mardi. La cérémonie d’investiture, placée sous haute sécurité, se déroulera en présence de multiples représentants européens et chefs d’Etat africains. Entre autres, les présidents Ougandais Yoweri Musevini, sud-africain Jacob Zuma, rwandais Paul Kagamé, soudanais Omar el-Béchir, sont attendus.
Face à son rival, Raila Odinga, Uhuru Kenyatta a été élu à la tête du pays début mars avec près de 50% des voix. Son élection a été très contestée par l’opposition, qui dénonçait des fraudes, avant d’être finalement validée par la Cour suprême, le 30 mars.
Dans le collimateur de la CPI
Bien qu’il soit élu président du Kenya, Uhuru Kenyatta est toujours dans le collimateur de la Cour pénale internationale (CPI) qui le soupçonne d’être impliqué dans les violences post-électorales de 2007-2008, qui ont fait plus de 1000 morts et 600 000 déplacés dans le pays. Son bras-droit, le vice-président William Ruto est confronté aux mêmes accusations. Ce dernier est convoqué pour une audition à la Haye, le 28 mai prochain.
Une situation inédite. C’est en effet la première fois dans l’histoire du pays qu’un chef d’Etat soupçonné de crime contre l’humanité par la justice internationale accède au pouvoir. Paradoxalement, Uhuru Kenyatta a tiré profit de cette situation délicate, exploitant la méfiance des Kényans à l’égard de l’Occident et de la CPI.
Le nouveau dirigeant kényan est donc face à un sérieux dilemme diplomatique. Comment compte-t-il procéder lorsqu’il sera convoqué lui aussi pour des auditions à La Haye ? Comment va-t-il collaborer avec la justice internationale pour que les responsables des violences post-électorales dans son pays soient jugés et condamnés alors que lui même est inculpé ? Tant de questions qui restent pour le moment en suspend.