Au Kenya, ce jeudi 27 juin 2024 a été agitée par de nouvelles manifestations. Malgré l’annonce, mercredi, par le Président William Ruto du retrait du projet de loi de finances controversé, les manifestants ne décolèrent pas.
Au Kenya, des manifestants sont encore descendus dans la rue, ce jeudi, pour exprimer leur colère. Ils étaient moins nombreux que les jours précédents à Nairobi, mais on pouvait dénombrer quelques centaines de manifestants réunis dans la capitale. Des manifestants qui ont décidé de maintenir leur mot d’ordre malgré l’annonce la veille, du retrait du projet de loi de finances par le Président William Ruto. Dans les rues de Nairobi, ce jeudi, le face-à-face était inévitable entre les forces de l’ordre, déployées en grand nombre, et les manifestants déterminés à exprimer leur colère. Gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc d’un côté et jets de pierres de l’autre. À la fin, au moins sept personnes ont été interpellées par la police. Au-delà de Nairobi, les manifestations ont également eu lieu dans les bastions de l’opposition que sont les villes de Mombasa et de Kisumu.
Une crise de confiance
En réalité, la volte-face de William Ruto ne rassure pas une partie de la population kényane qui n’a plus confiance à son Président. D’autant que quelques heures seulement avant d’annoncer le retrait de la loi de finances, il avait exprimé sa ferme volonté de réprimer « la violence et l’anarchie ». Pour la journaliste et militante Hanifa Adan dont les propos ont été rapportés par l’AFP, l’annonce faite par William Ruto, mercredi, relève d’une « opération de com ». Comme elle, bien d’autres jeunes ne cachent pas leur manque de confiance en William Ruto. Pour eux, la position exprimée par le chef de l’État n’est qu’une ruse puisqu’ils sont convaincus que « cette loi passera d’une manière ou d’une autre.
Une gouvernance décriée moins de deux ans après l’élection de Ruto
En réalité, au-delà de la loi de finances, c’est la gouvernance même de William Ruto qui est décriée. En 2022, celui qui était Vice-président du Président Uhuru Kenyatta, depuis 2013, a été élu président de la République contre le candidat soutenu par le parti au pouvoir, Raila Odinga, avec la promesse de favoriser la redistribution des richesses à la population. Seulement, moins de deux ans après son installation au State House, William Ruto a réussi à retourner contre lui une grande partie de la population exacerbée par les nouvelles taxes que le régime veut lui imposer. Pour les seules manifestations de cette semaine, la société civile dénombre 23 morts et environ 300 blessés.