Au Kenya, Amnesty International dénonce une répression violente lors des manifestations contre la loi de finances, appelant à une enquête indépendante.
Les récents mouvements de protestation contre la loi de finances ont pris une tournure tragique, marqués par une répression policière violente. Face à l’usage jugé excessif de la force, Amnesty International et d’autres organisations de la société civile réclament aujourd’hui une enquête approfondie. Des morts, des disparus, et des blessés à profusion – la police kenyane est accusée d’avoir franchi des limites inacceptables. Alors que les appels à la justice se multiplient, l’avenir des droits humains dans le pays semble plus que jamais incertain.
La répression sous la loupe d’Amnesty
Les manifestations de juin dernier au Kenya, d’abord pacifiques, se sont rapidement envenimées lorsque des protestataires ont pénétré l’enceinte du Parlement. Ce jour-là, la police a réagi avec une force brutale, tirant à balles réelles sur la foule, faisant six morts et des centaines de blessés.
Amnesty International, appuyée par la Law Society of Kenya, a rassemblé 12 000 signatures pour demander la mise en place d’une commission d’enquête judiciaire indépendante. Leur objectif : faire la lumière sur ces événements tragiques et sur l’usage « excessif et non nécessaire » de la force par les forces de l’ordre.
Témoignages glaçants et preuves accablantes
Grâce à l’analyse de vidéos et de nombreux témoignages, Amnesty et d’autres organisations kényanes ont pu documenter la violence de la répression. Les autorités sont accusées d’avoir employé des grenades lacrymogènes et des armes à feu contre des manifestants non armés.
Certaines des forces impliquées n’étaient même pas en uniforme, rendant leur identification impossible. Pour les défenseurs des droits humains, au moins 60 personnes ont perdu la vie, tandis que de nombreuses autres restent portées disparues, une situation que les autorités tentent de minimiser en parlant de réponse « légitime » face à des « criminels ».
Des médecins en première ligne
Durant les manifestations, le collectif Medics for Kenya, composé de médecins bénévoles, a établi un poste médical d’urgence au cœur de Nairobi. Christine Amondi, membre de ce groupe, a rapporté avoir traité de nombreuses blessures graves, causées par des balles et des grenades lacrymogènes. Elle a particulièrement dénoncé l’usage inapproprié de ces armes, soulignant que plusieurs personnes avaient perdu des doigts. « Tirer des lacrymos près d’une station essence met des vies en danger« , a-t-elle déclaré avec indignation.
Un appel urgent à la justice
Alors que la société civile continue de dénoncer cette répression sanglante, les familles des victimes se battent pour obtenir justice. Les mères de plusieurs jeunes tués ont remis une liste des victimes aux autorités, exigeant reconnaissance et réparation.
Pour Amnesty International et ses alliés, l’enjeu est clair : faire en sorte que le gouvernement réponde de ses actes. Selon Mwaura Kabata, vice-président de la Law Society of Kenya, « nous ne demandons pas un procès, nous avons des faits documentés, nous exigeons que le gouvernement admette sa responsabilité. »