Après sa conférence de presse animée le vendredi 26 juin à Paris, l’activiste franco-béninois, Kemi Seba, s’est confié à Afrik.com, donnant son point de vue sur la montée de manifestations de la diaspora pour dénoncer le meurtre de Georges Floyd et Rayshard Brooks aux Etats-Unis d’Amérique.
Entretien
Afrik.com : Depuis un moment, le monde assiste à une montée de manifestations des Africains de la diaspora contre les violences policières, en tant que panafricaniste, quelle est votre avis ?
Kemi Seba : C’est une démarche de solidarité. Chaque souffle, chaque douleur, chaque tristesse d’une partie de notre peuple, quel que soit l’endroit où elle se trouve, est une douleur pour chaque panafricaniste. Une solidarité absolue pour les nôtres qui se mobilisent contre les violences policières. Par contre, nous exprimons une nuance : la diaspora est dominée par deux tendances : l’autodétermination et l’intégration. Nous, nous pensons que l’orientation que « Black Llives Matter » prend ne va pas dans le sens de ce à quoi nous croyons. Au lieu de dire aux Blancs que la vie des Noirs compte, il serait mieux de nous organiser en tant que puissance. Le véritable dialogue ne doit pas être vis-à-vis du système occidental mais de nous-même. Réaliser notre pouvoir, en étant relié à la matrice de notre population telle que l’Afrique et les Caraïbes. Bref, tant qu’il n’y aura pas d’encrage politique réel vis-à-vis de la racine, on n’avancera pas.
Quelle réponse donneriez-vous à certains observateurs qui estiment qu’il serait mieux que les Africains de la diaspora devraient aussi se mobiliser régulièrement pour dire non aux tueries dans certains pays comme la RDC, le Tchad, la Libye… ?
L’enracinement doit être une priorité pour tous les Noirs. Il y a un travail progressif à faire sur ce plan. Cela devra être la voie à suivre pour que la diaspora se préoccupe du continent. Il faut un travail d’éducation avec amour, humilité, fraternité et l’orienter dans quelque chose qui va dans le sens de la racine. Tout en étant solidaire avec les frères des Etats-Unis, nous devons aussi nous préoccuper de la réalité de l’Afrique. La diaspora a un rôle crucial à jouer, c’est pour cela qu’elle ne doit pas se laisser détourner par le mirage de l’Occident. Le combat de la diaspora ne doit pas être de chercher comment faire pour mieux s’intégrer, mais il doit consister à exister économiquement pour soutenir le continent africain.
Quelle suggestion feriez-vous à la commission de l’Union Africaine face aux violences policières contre les Noirs dans certains pays occidentaux ?
L’Union Africaine devrait non seulement pousser toutes les nations africaines siégeant à l’ONU à prendre des sanctions dès lors qu’un Afrodescendant est persécuté ou assassiné comme tous les pays de l’Occident font, mais également imposer que les pays où ont eu lieu les assassinats des nôtres soient sanctionnés lourdement par l’ONU.