La manif du 15 juillet, KASBA 3 prévue depuis 2 semaines a eu lieu hier et s’est achevée en confusion totale, entre journalistes agressés, 48 arrestations et des faits de violence. La mention de cette manifestation à la télévision nationale a valu à sa speakerine un houleux rejet de micro de la part du premier ministre lors d’une rencontre média, rejet qui a fait polémique. Beji Caid Essebsi est particulièrement visé par les manifestants, et la chaine nationale dont il a ensuite boycotté les questions a souvent été taxée de voix de propagande, après avoir largement servi le régime ben Ali.
Dans l’ensemble, les revendications ne diffèrent pas des celles des sit-in KASBA 1et KASBA 2, c’est-à-dire savoir qui sont les snipers, juger tous les coupables, éradiquer la corruption, déchoir tous les symboles de l’ancien régime, avoir des médias libres, se réapproprier les biens et fonds volés à l’état, se réapproprier une dignité notamment dans les rapports avec l’’administration et la police…
Il y a aussi des revendications plus actuelles telles que la démission du 1er ministre, le remplacement ou la réorganisation des 3 commissions indépendantes, et là, certains échos se profilent ; on dit Ennahdha (parti religieux) bien déployé, même s’il n’y avait pas de référence au parti ni à la religion dans les banderoles et les slogans. On suggère en fait, que ce parti pourrait tirer profit de l’occasion pour tacler la haute instance de sauvegarde des objectifs de la révolution qu’il a récemment quitté et qu’il pourrait réintégrer à nouveau. Cette éventualité avait fait hésiter certains organisateurs du sit-in ELMASIR dans leur décision de rejoindre le mouvement KASBA 3. Ennahdha n’est pas le seul parti à avoir quitté la haute instance de plus en plus contestée de l’intérieur.
Rappelons que le sit-in ELMASIR qui se tient depuis le 15 juin place des droits de l’homme avenue Mohamed V avait adopté au départ les mêmes revendications. Ce sit-in a aussi souffert des tiraillements entre deux grandes tendances, religieuse et communiste, mais l’ambiance est globalement restée détendue et solidaire. Le souffle des sitters a été à toute épreuve en ces temps de fortes chaleurs avec les moyens dérisoires de survie qu’ils avaient.
Reste que, en gros, les revendications de KASBA3 semblent être partagées par des sensibilités différentes qui font le même constat d’échec. Ont fait le déplacement : quelques partis, des sympathisants, des jeunes non politisés, des sitters d’ELMASIR, des facebookers non fédérés, des curieux, des anonymes déçus informés par les médias, des militants des droits de l’homme, des parents de martyrs, des manifestants des sit-in KASBA1 et KASBA2 deux manifestations qui avaient fait chuter les gouvernements Ghannouchi 1 et 2 et qui ont conduit l’actuel premier ministre au pouvoir.