Kasai Allstars revient avec Black Ants Always Fly


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Kassai All Star
Kassai All Star

Ce quatrième album du légendaire collectif congolais marque une nouvelle étape dans son histoire, déjà riche en rebondissements: Kasai Allstars a élargi son spectre musical en y intégrant sa propre approche de la musique électronique. Black Ants Always Fly est également le premier album entièrement réalisé par l’un des membres du groupe, le guitariste Mopero Mupemba.

Les entrelacements des guitares électriques, xylophones, tambours et des fameux pianos à pouce à amplification bricolée sont épaulés cette fois par des programmations de percussions électroniques, qui s’intègrent parfaitement car elles ont été réalisées en pleine connaissance des subtilités rythmiques de ces musiques à base rituelle et traditionnelle.

Additionné des chants vertigineux dont le groupe est coutumier, ce mélange forme un ensemble riche en textures sonores et en polyrythmes affolants. Bon nombre des textes sont tirés de mythes et de proverbes. Plusieurs chansons évoquent l’idée exprimée dans le titre de l’album (“Les fourmis noires volent toujours en groupe, un seul bracelet ne peut pas produire de son”). En d’autres termes: l’union fait la force. Une devise tout à fait appropriée pour ce collectif né de l’union de cinq orchestres, tous originaires du Kasaï mais issus de cinq groupes ethniques différents, dont les mœurs et les traditions musicales respectives étaient considérées comme incompatibles jusqu’à ce que ces artistes décident d’unir leurs forces, bel exemple de collaboration qui transcende les barrières culturelles, linguistiques et ethniques.

Dès la parution des premiers morceaux de Kasai Allstars en 2005, le son du groupe enflamme l’imagination d’artistes et d’amateurs de musique à travers le monde, suscitant notamment l’enthousiasme de nombreux musiciens et médias dans les scènes avant-rock, électronique et hip hop, qui l’ont parfois décrit comme une sorte de rock «premier»(au sens «arts premiers») et rétro-futuriste, une sorte de mélange fortuit de musique de transe traditionnelle et d’avant-garde. Kasai Allstars compte Björk, ?uestlove, Saul Williams ou encore Juana Molina parmi ses fans dévoués. Les figures emblématiques du groupe sont bien présentes dans ce nouvel album, de la sublime chanteuse Muambuyi (dont la voix et la personne ont inspiré Félicité, le film de fiction multi-primé) au xylophoniste Bayila Tshilumba, en passant par le chanteur & joueur de likembé Célestin Kabongo, le puissant chanteur Mi Amor (Mputu Ebondo) et Tandjolo Yatshi, chanteur et joueur de tambour à fente. Ils sont entourés de plusieurs choristes et de joueurs de tambour à résonateur.

La jeune chanteuse Bijou fait une première apparition remarquée sur plusieurs morceaux. Quant au guitariste/producteur Mopero Mupemba, il s’est également chargé de la programmation, assisté par l’ingénieur du son Papy Atuke. L’album a été enregistré à Kinshasa (RDC), puis mixé à Bruxelles par Greg Bauchau et Vincent Kenis.

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Dans Black Ants Always Fly, le groupe s’inspire à nouveau de musiques traditionnelles jouées dans leurs communautés d’origine, au Kasaï, dont les ‘ethnies’ Luba,Songye et Tetela. Le guitariste/producteur Mopero Mupemba (qui a écrit environ la moitié des chansons du disque) a également puisé des idées mélodiques dans les régions avoisinantes (dont le Bandundu), ce qui apporte de nouvelles couleurs à cet album. Le titre de l’album est un collage de deux proverbes populaires (notons en passant la ressemblance entre “un seul bracelet ne peut pas produire de son” avec un koan zen célèbre…).

Tous deux expriment l’idée que l’union fait la force, une phrase qui est aussi la devise nationale de la Bolivie, la Bulgarie, la Géorgie, Haïti, le Belgique et d’autres. L’unité et le soutien mutuel permettent de surmonter des difficultés, d’atteindre des objectifs qui seraient inaccessible à une personne isolée. Les paroles de la chanson Ooloh, a War Dance for Peace en sont une illustration frappante. Mopero raconte: L’inspiration pour cette chanson trouve son origine dans un village de la province de Sankuri. Lorsqu’un problème, une dispute survient parmi les villageois, ils cherchent une solution pacifique en exécutant une danse guerrière traditionnelle, les armes à la main. Cette danse servait à signaler la fin des hostilités, elle est désormais utilisée pour résoudre les conflits.

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