La poignée de main fait encore parler d’elle au Sénégal. Du sommet du G8 à Deauville, a aussi été retenu le moment où le président Nicolas Sarkozy a permis au fils du président sénégalais, Karim Wade d’échanger une poignée de main puis quelques mots avec le président des Etats-Unis, Barack Obama. La scène, qui s’est déroulée à la fin de la photo de famille du G8, est l’objet d’interprétations.
Une rencontre immortalisée par les caméras de la presse internationale. Juste après la traditionnelle « photo de famille » du sommet du G8, le 27 mai, le président français, Nicolas Sarkozy, a présenté Karim Wade, le fils du dirigeant sénégalais Abdoulaye Wade, à Barack Obama. La rencontre, qui a eu lieu devant les journalistes du monde entier, a beaucoup fait spéculer les Sénégalais, et pas seulement ceux de l’opposition. S’agit-il d’une erreur de communication de Nicolas Sarkozy ou d’un réel message politique adressé aux citoyens du pays de la Teranga ?
La poignée de main entre le fils du chef d’État africain et l’homme le plus puissant du monde, à la demande du président de l’ancienne puissance coloniale, a été perçue au mieux comme la preuve de la préparation d’une « succession dynastique », au pire comme une nouvelle machination de la puissance colonisatrice pour sauvegarder ses intérêts en désignant comme successeur au fidèle Abdoulaye Wade, son fils franco-sénégalais. Il faut rappeler que Karim Wade a été nommé en 2009 « super-ministre » d’État chargé de la Coopération internationale, de l’aménagement du territoire, des transports aériens et des infrastructures. Une nomination que nombre de Sénégalais ont perçu comme un tremplin vers le fauteuil présidentiel dont le nouvel occupant sera désigné l’année prochaine. Mais Abdoulaye Wade a toujours nié avoir ces arrières-pensées. Et il a affirmé qu’il s’apprêterait à 85 ans, frais comme un gardon, à briguer un nouveau mandat.
La semaine précédent le G8, Abdoulaye Wade s’était dit favorable au départ de son ancien et généreux « ami », le colonel Kadhafi, et avait reconnu le conseil national libyen (CNT) représentant les insurgés libyens en tant qu’« opposition historique et légitime ». Abdoulaye Wade chercherait ainsi à faire bonne figure devant les Occidentaux – au premier rang desquels la France et les Etats-Unis, qui n’ont pas hésité à utiliser la méthode forte ces derniers mois contre les présidents africains récalcitrants -, estiment ses détracteurs.
Quoi qu’il en soit, les images sont là, et bien là. Le président français a visiblement pris en aparté le dirigeant américain pour l’amener à engager une conversation avec Abdoulaye Wade. Nicolas Sarkozy a par la suite fait signe à Karim Wade, hors du champ des caméras, de le rejoindre pour échanger une poignée de main et quelques mots avec Barack Obama.
Pour anecdote, au moment de la rencontre, Barack Obama étonné de la taille de Karim Wade a déclaré: «Comment ! Vous êtes plus grand que moi»?. Et le ministre d’Etat de rétorquer : «Je suis peut être plus long que vous, mais on ne peut pas être plus grand que le Président des Etats-Unis». Une réplique qui a fait sourire le président américain, mais qui fait encore réfléchir les Sénégalais.