Le juge des référés a refusé, mardi, la demande d’interdiction formulée par un policier mis en cause dans l’ouvrage de Me Karim Achoui intitulé « L’avocat à abattre ». Dans son ouvrage, le bâtonnier l’accuse d’être lié à la tentative de meurtre dont il a été victime le 22 juin 2007. De son côté, la ministre française de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a déposé une plainte contre l’avocat pour « diffamation envers la police nationale ».
Karim Achoui, le célèbre bâtonnier de la pègre, est dans le collimateur. Un policier, mis en cause par Me Achoui dans son ouvrage intitulé L’avocat à abattre (Editions du Cherche-midi) a demandé l’interdiction de ce livre. Une demande rejetée par la justice française en raison de deux vices de forme. D’abord, l’assignation n’a pas été adressée au ministère public, comme elle aurait dû l’être. Ensuite, le demandeur n’a pas respecté les délais légaux en matière de diffamation.
Pour le directeur éditorial de la maison d’éditions du Cherche-midi, Pierre Brachline, « ces plaintes pour diffamation sont de plus en plus nombreuses » ajoutant que « cette demande d’interdiction était néanmoins une première pour le Cherche-midi ». « A mon sens, c’est une entrave à la liberté d’expression. Ces attaques affaiblissent les maisons d’éditions qui doivent payer des frais d’avocats. C’est un moyen comme un autre de les décourager à faire paraître des ouvrages comme celui de Karim Achoui », conclut Pierre Bachline, interrogé par Afrik.com.
Dans « L’avocat à abattre », le bâtonnier cite nommément un commissaire de police judiciaire de Versailles (Yvelines), dont l’indicateur, Rudy Terranova, est le principal suspect dans la tentative de meurtre dont il a été victime le 22 juin 2007. Pour l’avocat du policier interrogé par l’AFP, Me Laurent-Franck Lienard, Karim Anchoui insinue clairement que son client « a ouvertement participé à la tentative d’assassinat contre lui ou l’a couverte ». Des affirmations qu’il juge « mensongères » et « extrêmement diffamatoires ».
« La ministre de l’Intérieur entre en scène ! »
De son côté, la ministre française de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie a déposé, lundi, une plainte contre l’avocat pour « diffamation envers la police nationale » après une interview de l’avocat parue dans France Soir du 10 septembre 2008, dans laquelle il cite le commissaire de police de Versailles.
« Je plains terriblement l’avocat de la ministre de l’Intérieur qui aura fort à faire pour expliquer au juge d’instruction en quoi ce que j’ai dit constitue une diffamation et justifie qu’elle se sente attaquée », a déclaré lundi l’avocat kabylle à l’AFP. « Je note que cette plainte intervient à un moment charnière. Entre l’audience de référé (lundi) matin 10H00 et la décision de mardi 10H00, nous avons la ministre de l’Intérieur qui entre en scène ! », a ajouté Me Achoui. « Je constate qu’un fonctionnaire de police ne peut absolument pas être mis en cause. Autant supprimer l’IGS (ndlr : l’Inspection général des services, « la police des polices ») ! », a-t-il conclu.
Quoiqu’il en soit, il est certain que tous ces rebondissements judiciaires ne manqueront pas de faire croître les ventes du livre de l’avocat de la pègre.
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