Karenjy reprend du service. Après dix sept années d’absence, la marque au zébu revient avec trois modèles : l’Irika, la Mazana, modèle 4×4 Diesel (MAZANA), décliné en cabriolet et berline et la Faoka, modèle 2×4 essence camionnette. Une renaissance que la marque doit au Relais de Madagascar, une entreprise à but économique et social.
La voiture malgache de la marque Karenjy « la vadrouilleuse » renait de ses cendrest. Les véhicules de la marque au zébu sont de nouveau de retour grâce à un projet économique et social. L’association Le relais à Madagascar, entreprise d’aide à la réinsertion créé en 2007 a décidé de reprendre les ateliers abandonnés du constructeur automobile de Karenjy situés à Fiaranantsoa. « Pour nous, c’était une opportunité technique suite à la visite de ce site. Il y avait encore beaucoup de matériel dans cette usine », explique le chargé de projets au Relais de Madagascar, Luc Roussin. Le but était pour lui et son équipe de « créer des emplois et développer de nouvelles activités, réinvestir les fruits du premier projet, relever un challenge pour Fianarantsoa ».
Une marque célèbre et à succès
Ces voitures mythiques ont vu le jour grâce à Rabearivelo Andriamalagasy, ingénieur et proche de l’ancien président malgache Didier Ratsiraka, et ont connu leur moment de gloire de 1985 à 1993. Au début, Karenjy fabriquait ses véhicules à partir de pièces de Renault 18, ils étaient destinés aux particuliers et aux entreprises publiques. Mais en 1993, le changement de régime a marqué l’arrêt de cette ascension et la faillite de Karenjy. Il a fallu la mise en place du Relais, créé par l’association Emmaus, normalement spécialisé dans la friperie, afin de relancer l’activité.
Pour le Relais de Madagascar, « l’année 2010 a été le challenge de la remise en route de l’outil industriel et de la formation des équipes, au travers un retour d’expérience de 10 véhicules vendus ». D’après les dernières prévisions fournies, d’ici deux ans une centaine de véhicules devraient être assemblés sur la base d’un châssis mécano-soudé, d’une carrosserie en fibres ainsi que l’électricité, capitonnage et sellerie faits localement. Actuellement, trois modèles allant de 4000 à 7000 euros sont commercialisés : l’Irika, la Mazana, modèle 4×4 Diesel, décliné en cabriolet et berline et la Faoka, modèle 2×4 essence camionnette. A en croire Luc Roussin, la Mazana remporterait tous les suffrages. « Elle connait un assez grand succès auprès des ONG et des églises et peut aussi intéresser les étrangers pour con côté ludique. Maintenant les Malgaches ne peuvent pas réellement en profiter car 99% d’entre eux peuvent à peine s’acheter un vélo », observe le chargé de projets.
Aider à la réinsertion
L’atelier mécanique à démarche socio-économique Soatao qui fait revivre l’ancienne usine Karenjy d’assemblage et de conception de voitures malgaches compte aujourd’hui vingt personnes et prévoit pour l’année 2012 de revoir l’effectif à 50. « L’objectif premier est d’embaucher et créer des emplois pour des personnes en grande exclusion, leurs histoires et leurs parcours sont bien tristes », confie Luc Roussin.
Du côté des Malgaches, le retour de la marque Karenjy marque un tournant. « Ces voitures sont le symbole de la Grande Ile, les voir revivre nous donne espoir. L’espoir de relancer une économie incertaine avec des productions locales ! », s’enthousiasme Mahery, jeune étudiant en commerce.