De grands travaux routiers ont commencé ce dimanche en Guinée. Kankan-Bamako en 12 heures au lieu de 48 heures, telle est l’ambition du projet qui doit relier les deux villes. Voyage guidé.
La route Kankan-Bamako ne fait pas partie des routes mythiques africaines. Du moins, elle ne le faisait pas jusqu’à hier. C’est-à-dire jusqu’à ce que le président guinéen, Lansana Conté, marque le lancement officiel du nouveau projet routier Kankan-Bamako. Au total, 350 kilomètres de route doivent être rénovés et complètement bitumés. Les choses risquent donc bien de changer d’ici peu tant au niveau du confort de vie que d’un point de vue économique.
Désenclavement économique
Les deux jours de trajet actuellement nécessaires pour ce tronçon ne seront donc bientôt plus qu’un très mauvais souvenir. Aujourd’hui, l’état de la route est déplorable. De plus, le trajet nécessite, pour la traversée du fleuve Niger, un passage en pirogues sur lesquelles on charge les voitures. Désormais, on prévoit de mettre douze heures au lieu de deux jours ! Le projet doit durer environ deux ans et demi. Les 350 kilomètres de route ont été découpés en six tronçons, les deux tiers sont sur le territoire guinéen, l’autre tiers sur le sol malien. Deux ponts, un sur le fleuve Niger et l’autre sur le Tinkisso, vont également être construits. Ces grands travaux permettront d’abord de désenclaver la Haute Guinée. Plutôt une bonne nouvelle quand on sait que c’est là que se trouvent les zones minières et agricoles.
Intégration économique
» Le but de ce projet est aussi de réaliser une intégration économique entre le Mali et la Guinée. En effet, le Mali ne bénéficie pas de ports et ce pays se sert de ceux d’Abidjan et de Dakar. Grâce à la nouvelle route, la liaison par Conakry sera la plus rapide » explique monsieur Yamsané, le directeur national des investissements routiers de Guinée. Le désenclavement de la Haute Guinée sera vraiment complet avec le bitumage ininterrompu de la route Conakry-Kankan-Bamako et permettra de renouer avec la tradition historique de commerce entre le Mali et la Guinée.
Trente millions d’euros sont nécessaires à la réalisation de ce projet. La Banque Africaine de Développement, l’Union Européenne et d’autres institutions financières arabo-islamiques le financent. Et ce sont des entreprises italiennes et françaises qui s’appliquent à la construction de la route. » Les entreprises guinéennes ne sont pas encore assez performantes pour des projets d’une telle envergure » regrette monsieur Yamsané.