Le colonel Moammar Kadhafi dirige la Libye depuis 32 ans. Honni, imité, idolâtré, méprisé, le Guide de la révolution est toujours là. Immuable. Mieux, il prépare tranquillement sa succession à la syrienne.
Il envoie son fils, Seif el-Islam, fourbir ses armes dans les capitales européennes et africaines. Et à Jolo, en Philippine, libérer les otages. 20 millions de dollars pour modifier une réputation sulfureuse n’est pas cher payé pour la Libye. Le séjour parisien très médiatisé de Kadhafi junior n’est pas anodin. La Jamahiriya veut sortir de son isolement diplomatique.
Et sur la scène internationale que Moammar Kadhafi compte pour redevenir visible. Il a lancé deux actions fortes, pour parler comme les politiciens : l’Unité africaine et la paix au Proche-Orient. Découragé par ses homologues nord-africains, il s’est tourné vers le Sud pour réaliser son grand rêve de l’Union africaine. Un projet qui est en train de se concrétiser, malgré les indispensables lenteurs. Et pour le Proche-Orient, il propose aux pays arabes de reconnaître Israël en contrepartie de la reconnaissance de l’Etat Palestinien et du retour des réfugiés palestiniens chez eux.
Cet activisme répond à un besoin impérieux de Kadhafi de sortir de l’anonymat, du silence. Ses appels ont été entendus par les entreprises occidentales qui font la queue à Tripoli pour s’y installer, essentiellement dans les hydrocarbures. Car, paradoxalement, la Libye offre une stabilité économique et politique enviables. Pas de risque de changement politique déterminant- Kadhafi est là pour encore très longtemps, à moins d’une maladie- et le pétrole s’exporte toujours très bien. Mais le Guide libyen rêve plus de reconnaissance politique que d’une croissance à deux chiffres. Une reconnaissance qui tarde à se concrétiser…