Kadhafi : le roi des folies africaines


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Une dictature, aussi puissante soit-elle, ne peut rien contre un peuple qui parvient à trouver le chemin des fournisseurs d’armes. Dans le passé, Mobutu Sésé Séko l’avait appris à ses dépens. Gbagbo Laurent, il n’y a pas si longtemps, en a fait les frais. Le guide de la Jamahiriya arabe libyenne populaire socialiste, le Roi des rois, Mouammar El Kadhafi subit à son tour le triste sort d’un président humilié, bouté hors de son palais par les siens. Parfois, la guerre coûte moins chère que la politique. Les insurgés, des « rats » comme les appelle Kadhafi, l’ont compris, l’OTAN l’a approuvé.

L’Afrique, après Moubarak (Egypte) et Ben Ali (Tunisie), perd un de ses monstres fous. Encore une fin de règne humiliante. Toutes ont un dénominateur commun: la confiscation du pouvoir par des tyrans qui refusent à leurs peuples d’entrer dans l’espérance démocratique, d’avoir un avenir.A ce rythme, le continent risque, à terme, de compter plus d’anciens chefs d’état en prison qu’en liberté.

Si la voie démocratique ne redevient pas passante comme elle l’a été au début des années 90, d’autres pays africains, ceux dont les chefs d’état ne se préoccupent que de garder le pouvoir à n’importe quel prix et de ne le partager qu’avec les leurs, entreront dans la tourmente. Ce n’est pas un pronostic, mais un signe des temps. Indéniable.La solution, l’unique, capable de mettre le continent à l’abri de ces déploiements hors norme de la force militaire pour déboulonner les dictatures, se trouve dans l’organisation régulière de mouvements de personnes à la tête des états. Par le biais d’élections libres, dans le stricte respect des règles constitutionnelles. Les dictatures n’ayant plus d’avenir, ni ailleurs ni en Afrique, il faut que la démocratie marche. Celle qui interdit à un individu de s’accrocher au pouvoir pendant des décennies contre vents et marrées, celle qui lui recommande de rendre compte au peuple.

La Libye, après la Côte d’Ivoire, est un vibrant exemple de l’immixtion occidentale dans les affaires du continent. Si parfois, ces interventions étrangères froissent l’orgueil et paraissent inacceptables, les dérives autoritaires de nos propres dirigeants ne le sont pas moins. Comment peut-il en être autrement lorsque nos grotesques tyrans refusent de donner à leurs peuples le moindre espoir de changement, provoquant de facto, hormis la perte de milliers de vies humaines à l’intérieur, des dommages collatéraux qui sont ressentis chez les voisins et dans le reste du monde ? Il est évident que s’il n’est pas mis fin à ces dérives de nos despotes, et très vite, il ne restera aux Africains, pour changer de pouvoir, que la voie sanglante, très coûteuse et même suicidaire. Malheureusement, près des ¾ des 54 états du continent sont candidats à l’accouchement de leur démocratie par les armes, dans le sang, à la tunisienne pour les plus chanceux, à L’ivoirienne ou encore à la libyenne pour les autres.

Ce que les palais africains refusent de voir, c’est que lorsque éclatent ces révolutions armées, ce sont, au final, les peuples qui s’en sortent toujours gagnants.Et non les dictateurs. On connaît même des cas, au « Zaïre », où le tout puissant chef « Leopard » qui se croyait suffisamment protégés par son armée tribale, s’est retrouvé sans les clés et les gardes de ses arsenaux. La verité historique et jamais démentie, est qu’il n’y a pas, dans la plupart de ces cas, beaucoup de fidèles qui acceptent d’offrir gracieusement leur poitrine pour sauver le dictateur et sa famille en disgrâce.On peut raisonnablement se demander pourquoi nos chef d’état amassent-ils tant de matériels de guerre sachant qu’à la fin, une victoire sur le peuple est illusoire, voire impossible ?

Il reste que les pays occidentaux et les rares pays d’Afrique où la démocratie fonctionne doivent commencer par prendre la mesure du danger que représentent les régimes de dictature.Que doit-on faire ? Que la communauté internationale et l’occident interdisent l’accès de leur espace aux dictateurs.Que l’ONU, la FAO, l’UNESCO, le PNUD…..privent ces potentats de leur assistance et les ignorent.Que les médias se contentent d’informer sobrement sur leurs faits et gestes, cessent d’être accrochés à leurs basques et de répercuter le moindre de leurs propos. Surtout, que les anciennes puissances colonisatrices cessent de leur vendre ou de leur donner des armes, de les conseiller. Seule la mise en place de ce type de boycottage global et de marque de défiance à leur encontre sur tous les fronts pourra, peut-être, leur montrer le chemin de la sobriété. Par contre l’occident doit ouvertement – il ne perdra pas TOUT en le faisant – apporter son soutien aux démocrates qui tentent d’accéder au pouvoir par la voie des urnes, même si dans plusieurs pays, ces oppositions sont bigarrées et disparates.Là où bat le cœur du peuple est, dans tous les cas, plus important que le reste !

Mais si la France, l’Amérique et les grandes démocraties occidentales, après avoir contribué à faire déguerpir Kadhafi, conservent des relations privilégiées avec les vieux dinosaures impopulaires qui souillent le continent, des prédateurs endurcis tels que N’Guesso, N’Guema, Biya, Compaoré, Déby, Museveni, pour ne citer que ceux-là, alors, ça devient du « deux poids deux mesures », une pratique du double standard que l’Afrique des peuples peut assimiler à une avidité mercantile de l’occident. Ça devient totalement inacceptable !

Kodjo Epou

Washington DC

USA

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Kodjo Epou est journaliste et chroniqueur pour différents médias, spécialisé sur l'Afrique et/où d'investigation. Il est aussi spécialiste de Relations Publiques
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