Tandis que les forces fidèles à Mouammar Kadhafi mènent toujours l’offensive contre la ville de Misrata, les obsèques d’un des fils et de trois petits-enfants du chef d’Etat libyen tués dans un raid de l’OTAN se déroulent ce lundi à Tripoli. Le régime a dénoncé une nouvelle tentative d’assassinat du « Guide » par la coalition, qui réfute cette information.
La situation est toujours tendue à Misrata qui essuie ce lundi une nouvelle offensive des forces loyales à Mouammar Kadhafi. Seule localité de l’ouest tombée aux mains des rebelles, elle est assiégée depuis deux mois. Ces attaques ont pris d’avantage d’ampleur au lendemain de la mort de Saïf al Arab, 29 ans, l’un des fils du dirigeant libyen et trois de ses petits-enfants dans un raid de l’OTAN contre l’une des résidences du chef d’Etat, selon Moussa Ibrahim, le porte-parole du gouvernement. Les obsèques prévues ce lundi à Tripoli ont mobilisé les partisans du régime.
Une fois de plus le « Guide », qui se trouvait aussi dans le bâtiment lors de l’assaut, a échappé à la mort. Le porte-parole du régime a dénoncé « une opération visant à assassiner directement le dirigeant de ce pays » Saif al-Arab n’occupait pas de poste officiel connu contrairement à plusieurs de ses frères. La coalition a reconnu avoir frappé « un poste de commandement et de contrôle » dans la zone, mais n’a pas confirmé la mort de Saïf al-Arab, qui a toutefois été attestée par l’évêque italien de Tripoli, Giovanni Martinelli. Le général Charles Bouchard, commandant en chef de l’opération, a indiqué que l’organisation regrettait « toute perte de vie, particulièrement celle de civils innocents » soulignant que « toutes les cibles de l’OTAN étaient de nature militaire ». De même le Premier ministre britannique, David Cameron, a assuré que les frappes de l’OTAN étaient « conformes à la résolution des Nations unies » tout en refusant de commenter des informations non confirmées.
La Chine et la Russie durcissent le ton
Face à cette situation, l’Alliance atlantique se retrouve dans une bien mauvaise posture. Ce n’est pas la première fois qu’elle est pointée du doigt pour avoir outrepassé son mandat de protection de populations civiles. Selon le vice-ministre des Affaires étrangères libyennes, Khaled Kaim, le raid de samedi constituerait la quatrième tentative d’assassinat de Mouammar Kadhafi. La précèdente aurait eu lieu lors de l’attaque visant son bureau dans la nuit du 23 au 24 avril.
Alors que depuis le début de l’intervention militaire internationale le 19 mars, nombre de responsables politiques des pays engagés, tout en réclamant le départ du « Guide », ont réitéré que le mandat de l’ONU prévoyait de protéger les civils, pas de tuer Mouammar Kadhafi.
La Chine, qui a durci le ton contre la coalition, a appelé ce lundi a un cessez-le-feu. « La Chine a pris note du fait que le fils de Kadhafi, Seïf al-Arab, et d’autres ont été tués dans une attaque. Nous exprimons notre inquiétude devant la mort de simples citoyens avec l’escalade du conflit en Libye », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jiang Yu. « La Chine s’est de tout temps opposée aux actions qui outrepassent l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU et nous espérons que toutes les parties pourront cesser le feu immédiatement et résoudre la crise par le dialogue et la négociation », a-t-elle ajouté. Même son de cloche pour la Russie, qui a dénoncé l’usage « disproportionné de la force en Libye doutant que les frappes de l’OTAN n’aient pas pour cible le dirigeant libyen ».
Violences contre les ambassades occidentales
Les ambassades occidentales dans la capitale libyenne ont fait l’objet d’actes de vandalisme. La Grande-Bretagne et l’Italie ont dénoncé dimanche des attaques contre leurs missions diplomatiques à Tripoli. Face à cette situation, William Hague le ministre des Affaires étrangères britanniques, a expulsé en retour l’ambassadeur libyen. « La Convention de Vienne exige du régime de Kadhafi qu’il protège les missions diplomatiques à Tripoli. En manquant à cette tâche, ce régime a une fois de plus enfreint ses responsabilités et obligations internationales », a dénoncé William Hague dans un communiqué.
De même, la Turquie a fermé temporairement son ambassade à Tripoli pour des raisons de sécurité, a annoncé ce lundi le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. Les Nations unies ont également retiré leurs 12 représentants étrangers arrivés en mission le mois dernier en raison de la détérioration de la situation.
Dans ces conditions, il est difficile d’envisager une porte de sortie au conflit qui secoue le pays depuis plusieurs mois et aurait déjà fait 10 000 morts. Entre L’OTAN qui s’emmêle les pinceaux dans son intervention militaire et le Guide Libyen qui refuse de capituler l’espoir d’une sortie de crise s’amenuise chaque jour un peu plus.