Le leader libyen a déclaré vendredi qu’il renonçait à ses programmes d’armes de destruction massive. C’est le résultat de neuf mois de tractations secrètes entre la Libye, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Mouammar Kadhafi aurait également annoncé sa collaboration dans la lutte contre le terrorisme. Des actions qui pourraient être destinées à rompre son isolement diplomatique, conséquence de son implication dans deux attentats meurtriers dans les années 80.
Tripoli rentre dans le rang. Le chef de l’Etat libyen a déclaré, vendredi, qu’il renonçait à tout programme d’armes de destruction massive (ADM), alors qu’il avait toujours clamé haut et fort que le pays n’en possédait pas. Autre annonce surprenante, Mouammar Kadhafi se serait engagé à soutenir les efforts de lutte contre le terrorisme. Geste on ne peut plus symbolique pour une nation plusieurs fois soupçonnée d’avoir soutenu des attentats. La Libye pourrait, par ces revirements soudains, chercher à retrouver la confiance de la communauté internationale pour sortir de l’isolement.
Cachotteries militaires
Il aura fallu neuf mois de tractations secrètes entre la Libye, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne pour dissuader Tripoli de développer des ADM nucléaires ou biologiques. Une victoire de taille pour le Président américain George Bush et le Premier ministre britannique Tony Blair. Washington et Londres estiment notamment que la décision de Mouammar Kadhafi démontre qu’il possédait bel et bien des programmes destinés à fabriquer ce type d’armement, ce qu’il avait toujours nié.
Les autorités libyennes se sont notamment engagées à éliminer tous ses missiles balistiques d’une portée supérieure à 300 kilomètres et avec une charge de 500 kilos, à détruire les stocks d’armes et de munitions chimiques, à déclarer toute activité nucléaire à l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA). Selon les termes du protocole additif du traité de non-prolifération nucléaire (TPN) que la Libye vient de signer, les inspecteurs de l’agence pourront visiter tous les sites susceptibles d’abriter une activité nucléaire. Des visites qui pourraient bien commencer dès la semaine prochaine. Ces gages de bonne volonté marquent la détermination du Guide de la révolution à rompre avec son passé trouble.
Guerre contre le terrorisme
Une rupture d’autant plus nette que le chef d’Etat libyen s’est ouvertement engagé à soutenir la lutte contre le terrorisme. Selon le quotidien londonien The Observer, la Libye a fourni des informations détaillées sur des centaines de militants islamistes, dont certains appartiennent au réseau terroriste Al-Qaeda. Un bon point pour cette nation dont le nom reste encore associé aux attentats meurtriers de Lockerbie (Ecosse, 270 morts en 1988) et du DC 10 d’UTA dans le désert du Ténéré, au Niger (170 morts en 1989). Ces deux événements ont poussé l’Organisation des Nations Unies (Onu) à imposer des sanctions au pays, aggravant son isolement sur la scène politique mondiale.
La communauté internationale, surprise par l’annonce, salue les efforts de Mouammar Kadhafi. Les citoyens libyens espèrent que, dans la foulée de l’Onu en septembre dernier, les Etats-Unis vont lever leurs sanctions en vigueur depuis 1986 et renouer durablement le dialogue.
Signé n’est pas joué
La pression extérieure et la guerre en Irak, justement attaquée parce que soupçonnée de posséder des ADM, ou encore le renoncement de l’Iran à construire de telles armes ont joué un grand rôle dans la volte-face de Kadhafi. Toutefois, l’insistance de ses proches n’a pas manqué de produire son effet. Ses conseillers et son fils Saif al-Islam ont encouragé le Président à revoir et à assouplir sa politique pour ménager l’opinion mondiale.
Le Président Bush estime qu’avec l’annonce de vendredi « la Libye a entamé le processus pour rejoindre la communauté des nations ». Mais les efforts du leader libyen risquent de ne pas payer tout de suite. Washington n’entendrait pas lever ses sanctions dans l’immédiat.