Joseph Kabila a réussi le pari de faire oublier le prénom de feu son père. Arrivé dans des conditions énigmatiques, l’homme fort de Kinshasa a réussi un sans faute politique impressionnant.
Ses gourmands voisins, après l’avoir pris de haut puis voulu le mettre sous protection, reviennent à de meilleures dispositions en voulant négocier avec lui le retrait de leurs armées de la République démocratique du Congo. Après le Zimbabwe et la Zambie, c’est au tour de l’Ouganda de Yoweri Museveni de quitter la RDC. C’est la plus grande victoire de Kabila fils depuis son accession au pouvoir.
Joseph Kabila est en train de gagner ses galons de chef d’Etat avec brio. Sa rébellion, très divisée, lui fait les yeux doux. Jean-Pierre Bemba, chef du Mouvement de libération du Congo (MLC) et Premier ministre en disgrâce, multiplie les initiatives pour se réconcilier avec le président congolais. L’ancien protégé de Kampala sait que son parrain ougandais l’a sacrifié sur l’autel de la Real Politik. Et que sa survie dépend de sa capacité à rebondir, à occuper de nouveau l’échiquier congolais. Mais, très sûr de lui, Joseph Kabila entend redistribuer les cartes à sa convenance. Et le pion Jean-Pierre Bemba est éjectable selon lui. Car les accords de Sun City sont de nouveau remis en cause par le maître de Kinshasa.
Joseph Kabila sait que la communauté internationale est à ses côtés. Que le temps joue pour lui. Que le Rwanda de Paul Kagamé ne peut occuper indéfiniment l’est de la République démocratique du Congo. Et que viendra le temps des négociations avec Kigali pour son retrait. En quittant la RDC, le Rwanda causera la chute du RCD-Goma, principale rébellion armée. Joseph Kabila bénéficie d’un état de grâce. Qui ne peut s’évaporer que s’il ne tient pas ses promesses. Des élections démocratiques dès le retrait des troupes étrangères. C’est-à-dire très prochainement.