Kabila accuse Tshisekedi de mauvaise gouvernance dans la crise de l’Est de la RDC


Lecture 4 min.
Joseph Kabila
Joseph Kabila

L’ancien président de la République Démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a mis en cause son successeur, Félix Tshisekedi, en soulignant que la mauvaise gouvernance de ce dernier jouait un rôle important dans la persistance du conflit dans l’Est du pays. Dans une tribune parue dimanche dans le Sunday Times, Kabila a affirmé que les violences et l’insécurité qui secouent cette région ne peuvent pas être attribuées uniquement à l’essor du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, ni aux tensions entre Kinshasa et Kigali. Selon lui, la dégradation de la situation en RDC est en grande partie le résultat d’une mauvaise gestion du pays par Tshisekedi.

Kabila pointe la gouvernance du Président Tshisekedi

En RDC, les derniers mois ont vu le M23 progresser rapidement dans l’est du pays, contrôlant désormais une grande partie de cette région riche en ressources naturelles. Ce groupe armé, qui se bat pour la défense des droits de la minorité tutsi en RDC, a repris les hostilités en 2021, deux ans après l’accession de Tshisekedi au pouvoir. Alors que la violence s’intensifie, les inquiétudes grandissent sur le risque d’une expansion du conflit au-delà des frontières de la RDC, notamment vers le Rwanda ou l’Ouganda. Mais pour Kabila, cette montée en puissance du M23 ne saurait être la seule explication à la crise actuelle. Il pointe également la gouvernance du Président Tshisekedi, qu’il considère comme un facteur aggravant.

Lire : RDC : l’AFC/M23 poursuit son avancée dans le Sud-Kivu, panique à Uvira

Dès son arrivée à la tête du pays en 2019, Félix Tshisekedi a hérité d’une situation politique déjà complexe, marquée par des tensions internes et externes. Cependant, selon Kabila, la situation n’a cessé de se détériorer sous sa direction, au point où elle semble désormais « proche de l’implosion ». Il critique le second mandat de Tshisekedi, obtenu après les élections de décembre 2023, qu’il qualifie de « simulacre ». Kabila accuse le Président d’avoir muselé l’opposition et de s’être imposé comme le « maître absolu » du pays, au détriment de la démocratie et de l’État de droit.

« Les massacres perpétrés par les forces de sécurité de Tshisekedi continueront »

Dans son analyse, Kabila dénonce une série de violations graves des droits humains sous le régime de Tshisekedi, notamment des intimidations, des arrestations arbitraires, des exécutions extrajudiciaires et des violences policières. Il évoque également l’exil forcé de nombreux opposants politiques, journalistes et leaders d’opinion, y compris des chefs religieux. Pour lui, ces abus sont devenus des caractéristiques incontournables de la gouvernance actuelle. L’ancien Président va plus loin en affirmant que les massacres perpétrés par les forces de sécurité de Tshisekedi continueront, même si les négociations entre la RDC et le Rwanda aboutissent ou si le M23 subit une défaite militaire.

Lire : La guerre à l’Est du Congo conjuguée au futur !

Kabila semble suggérer que tant que la situation politique intérieure de la RDC ne sera pas réglée, les violences persisteront, peu importe les résultats des négociations avec le Rwanda ou les succès militaires contre le M23. Il souligne que les conflits politiques et les répressions violentes doivent être pris en compte pour comprendre l’ampleur de la crise. Selon lui, tant que ces problèmes fondamentaux ne seront pas abordés, les troubles en RDC risquent de se prolonger, et la guerre civile pourrait se déclarer. L’ancien président insiste sur la nécessité de s’attaquer aux racines du problème, qui selon lui, résident dans la mauvaise gestion politique et les violations des droits humains par le gouvernement de Tshisekedi.

Kabila attribue une part de responsabilité à Tshisekedi dans la résurgence du M23

Le M23, qui se considère comme le défenseur des droits de la minorité tutsi en RDC, avait cessé les combats pendant quelques années avant de reprendre les hostilités en 2021. Cette reprise des affrontements, intervenue après l’accession de Tshisekedi à la Présidence, a exacerbé les tensions dans l’Est du pays. Kabila semble attribuer une part de responsabilité à Tshisekedi dans la résurgence du groupe, en raison de la gestion conflictuelle de cette question par son gouvernement. Il critique également la politique étrangère de Tshisekedi, notamment sa relation avec le Rwanda, qui, selon Kabila, est une source de déstabilisation pour la RDC.

Cette tribune intervient dans un contexte de plus en plus tendu en RDC, où les affrontements armés dans l’Est du pays continuent de faire des ravages, et où la population vit dans une insécurité grandissante. Les tensions entre le gouvernement congolais et le M23, soutenu par le Rwanda, semblent être loin d’être résolues, et les défis internes liés à la gouvernance de Tshisekedi restent un grand obstacle à la stabilité du pays.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News