A l’aise dans ses baskets, K-mel, l’ex leader du groupe Alliance Ethnic, est son propre berger. Pas de questions existentielles pour l’artiste rap franco algérien qui considère sa double culture comme une force et refuse l’étiquette de porte drapeau de la » génération beur « . Interview.
» Simple et funky « , le hit, l’album, les albums. Alliance Ethnic. Six ans déjà. Après deux productions au sein du groupe, K-Mel, l’ex leader charismatique de la prospère formation rap, se lance dans une carrière solo. Avec » Réflexions « , il réalise à 28 ans, un projet qu’il mûrissait depuis longtemps. Décontracté, naturel, arborant toujours son célèbre filet de barbe, l’artiste nous a reçus dans le salon d’un grand hôtel parisien. De son parcours artistique, il ne regrette rien. Guidé qu’il est par la passion qui l’anime. Mais ne lui parlez pas de » beur » et d’un rôle de porte drapeau d’une jeunesse maghrébine à cheval sur une double identité. Il suit son chemin – qui l’aime le suive – et refuse les étiquettes à la mode, aussi vides de sens que réductrices.
Afrik : Beaucoup vous considèrent, en France, comme l’un des porte drapeau de la jeunesse franco-maghrébine du pays, les beurs. Est ce que vous assumez une telle responsabilité ?
K-Mel : D’abord, ça veut dire quoi être beur ? C’est un terme que je trouve terriblement réducteur. Moi je suis franco-algérien et je le vis tout naturellement. Je ne me pose pas de questions pour savoir qui je suis. C’est tout simplement une force d’avoir une double culture.
Et puis je ne prétend pas être le porte-drapeau de quoi que ce soit. C’est déjà dur de se porter soi même. Pour ma part, je fais les trucs que j’aime et tout ceux qui y adhèrent sont les bienvenus. Mais de là à représenter une communauté, non !
Afrik : Vous avez essuyé beaucoup de critiques, de la part du milieu rap, avec Alliance Ethnic. Du rap commercial parce que trop festif et positif. Quel est votre sentiment à ce sujet ?
K-Mel : Je ne regrette rien de tout ce que j’ai fait jusque là. Si tout était à refaire, je ferais exactement la même chose. C’est vrai que nous avons été sous le feu de la critique avec les deux albums d’Alliance Ethnic. Je m’attendais à la même chose avec la sortie du mon album solo, mais bon, (avec un sourire) pour l’instant, bizarrement, tout se passe bien. Et même mieux, ceux qui me critiquaient hier viennent aujourd’hui me demander des productions. T’y crois toi !?
Pour ce qui est du rap positif, je répondrai que les thèmes que j’aborde sont des thèmes qui peuvent être sérieux mais j’essaie de dépasser le simple constat pour trouver des solutions positives. Sinon on n’avance pas.
Afrik : Est ce que vous envisagez de refaire quelque chose avec Alliance Ethnic ?
K-Mel : Non, pas pour l’instant. Je me concentre beaucoup sur des travaux de production.
Afrik : Dans votre album solo, vous chantez des grands noms du rap américains, comme Warren G. Est-ce une opération marketing de la part de la maison de disque ou bien un souhait artistique personnel ?
K-Mel : Non, cet album est vraiment mon bébé. Un kif personnel. J’ai tout fait. De la composition à la production. Pour mon morceau avec Phife ( » A Tribe Called Quest « , ndlr) par exemple, la maison de disque n’était même pas au courant et ne l’a découvert qu’une fois mixé.
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