L’ancien Premier Ministre gabonais Julien Nkoghe Bekale a pris position hier 12 octobre sur TV5 Monde en faveur du projet de Constitution gabonaise élaboré sous la direction du Président de la Transition, le Général Brice Oligui Nguéma, chef de file de la déposition d’Ali Bongo, suite aux élections présidentielles contestées d’août 2023.
Quel peuple accepterait d’être gouverné par un étranger ?
Quels sont aux yeux de Julien Nkoghe Bekale, qui fut également Président du Conseil Economique Social et Environnemental Gabonais, les atouts de cette nouvelle Constitution? D’abord de répondre aux attentes du peuple, car à ses yeux « la Constitution d’un pays doit avant tout servir les intérêts du peuple, et non ceux d’une élite politique« . C’est dans le même esprit qu’il écarte d’un revers de la main les critiques exprimées par certains politiciens gabonais contre la disposition qui exige des candidats à la magistrature suprême qu’ils soient de père et de mère gabonais, mariés, le cas échéant à une personne également de père et de mère gabonais : « Quel peuple accepterait d’être gouverné par un étranger? »
Par ailleurs à la question du choix du régime politique, l’ancien Premier Ministre soutient également la « présidentialisation » des institutions gabonaises, selon le modèle américain, c’est-à-dire avec une disparition de la fonction de Premier Ministre, qu’il avait lui même suggérée, remplacé par une vice-président en charge de coordonner l’action gouvernementale, nommé par le Président élu. La solution « à l’américaine » qu’il préconisait (un ticket président/ vice président élus ensemble) n’est en effet pas très différente de celle que retient le projet de Constitution qui sera présenté aux Gabonais.
Une garantie d’alternance après deux mandats !
Cette nouvelle organisation de la gouvernance du pays présente à ces yeux une garantie majeure avec la limitation stricte (et absolument intangible) du nombre de mandats à deux… La certitude que tous les 7 ans ou au maximum tous les quatorze ans, l’alternance démocratique porte un autre Gabonais à la tête du pays… A l’évidence, cette règle gravée dans le marbre vient répondre à l’histoire de la démocratie gabonaise, mûre aujourd’hui pour échapper à la logique de succession quasi dynastique mise en oeuvre jusque là.
Le tout étant consolidé par une stricte séparation des pouvoirs, selon la règle fixée par le philosophe anglais John Locke (1632-1704) dans son « Second traité du Gouvernement Civil » de 1690 et plus tard par Montesquieu (1689-1755) dans « L’esprit des lois » (publié en 1748). Première barrière à l’absolutisme, donc à une dérive dictatoriale, la séparation stricte des pouvoirs est en effet de nature à satisfaire le juriste exigeant qu’est d’abord et avant tout le député de Ntoum, Julien Nkoghe Bekale, qui est d’abord un juge de par sa formation…