Afrik.com poursuit sa série de portraits d’afro-caribéens gay, régulièrement stigmatisés au sein de leur communauté en raison de leur homosexualité. Son père est pasteur, mais il a pourtant eu le courage de lui avouer son homosexualité. Julien, 25 ans, originaire d’Haïti, a osé dire la vérité tout simplement et ne pas se mentir à lui-même, ni à Dieu. Portrait d’un véridique.
Vêtu d’un élégant long manteau gris, Julien est en plein discussion avec une dizaine de membres de l’association « Total respect » qui vient en aide aux homosexuels afro-caribéens. Le jeune homme de 25 ans, originaire d’Haïti, est l’objet de toutes les attentions, à la sortie de la réunion hebdomadaire de l’organisation, dont le bureau est situé dans le 19ème arrondissement de Paris. « Mais comment as-tu osé dire à ton père qui est pasteur que tu étais homosexuel ? Moi je n’aurai jamais eu le courage?», lui lance une des responsable de l’association. « Je ne pouvais pas me mentir à moi-même. Ni cacher la vérité. Sinon, c’est comme si je mentais à Dieu! », réplique le jeune homme face à ses interlocuteurs médusés.
Véridique. Ça, c’est bien Julien, qui refuse catégoriquement de mentir sur ce qu’il est, malgré le qu’en dira-t-on, et la réputation que ça pourrait lui coûter. Le jeune homme à la voix posée, aux gestes raffinés, n’est pas du genre à paraître pour ce qu’il n’est pas. Journaliste de formation, il présente des émissions dans une radio destinéé à la communauté gay. Une forme d’engagement pour celui qui est droit dans ses bottes, militant pour que tous les homosexuels se sentent bien dans leur peau.
« Je suis en paix avec moi-même »
Lui qui a su, vers l’âge de 16 ans, qu’il préférait les hommes, même si pour le moment il est célibataire, sait pertinemment que la communauté de l’Eglise, où il se rend, est au courant qu’il est gay. « Les nouvelles vont vite. Je l’ai dit à une personne que je fréquentais à l’église qui est partie le répéter à un autre, qui l’a à son tour dit à un autre…». A église, « ils se sont mis à prier pour que je devienne hétéro », confie-t-il, en esquissant un sourire. Même s’il est pointé du doigt, et stigmatisé, il ne regrette pas d’avoir fait le choix de dire la vérité. Au moins, « je suis en paix avec moi-même ». Ses parents, notamment son père, pasteur, a eu beaucoup de mal à accepter son homosexualité, contrairement à ses frères et sœurs qui l’ont bien pris. « Mon père ne l’a toujours pas digéré », explique le jeune homme, qui le comprend tout à fait. « Pour lui, c’est d’autant plus incompatible qu’il est pasteur ».
Pour éviter des tensions, Julien a décidé très tôt de voler de ses propres ailes, quittant le cocon familial, pour prendre un appartenant dans la capitale parisienne. Toutefois, il a gardé de bonne relations avec ses parents, bien qu’ils « auraient préféré que je me marie avec une femme et que j’ai des enfants ». L’homosexualité est d’autant plus difficile à accepter pour les communautés afro-caribéennes qui estiment souvent qu’elle a été importée de l’occident. Julien, originaire de Haïti en sait quelques chose. Raison pour laquelle, lui qui a toujours vécu en France, n’a aucun lien avec son pays d’origine, où il ne se rend quasiment jamais. Est-ce qu’il y serait accepté ? Ce serait sans doute plus difficile pour lui. Il le sait, lui qui veut vivre tel qu’il est. Sans se cacher. Libre, et surtout sans mentir à Dieu.