Julien Boukambou, né le 17 avril 1917 à Madianga (Kinkembo), incarne un pilier méconnu de l’histoire de l’indépendance du Congo. Secrétaire général de la Confédération générale africaine du travail (CGAT), initiateur de l’Union de la jeunesse congolaise (UJC) et cofondateur de la Confédération syndicale congolaise (CSC), Julien Boukambou a consacré son existence à la défense des droits des travailleurs et à la promotion des idéaux révolutionnaires.
La lutte contre la domination coloniale
Dès son jeune âge, Julien Boukambou a été confronté à l’injustice du système colonial. À huit ans seulement, il a connu sa première incarcération pour une affaire mineure impliquant son père. Cette expérience a renforcé sa conviction que le colonialisme devait être combattu.
Son parcours éducatif a été marqué par sa détermination à acquérir des connaissances malgré les obstacles. Élève brillant, il a été l’un des premiers à fréquenter une école catholique dans le district de Mindouli. Son engagement politique a commencé à se dessiner lorsqu’il a rejoint le Parti Progressiste Congolais dès sa création, affirmant ainsi sa volonté de lutter contre la domination coloniale. Mais c’est dans le domaine syndical que Julien Boukambou a laissé sa marque la plus indélébile. Élu secrétaire général de la Confédération Générale Aefienne du Travail (CGAT) en 1957, il a été un ardent défenseur des droits des travailleurs, luttant sans relâche contre les abus des employeurs et les injustices sociales.
La révolution des Trois Glorieuses
Son implication dans la création de l’Union de la Jeunesse Congolaise en 1956 et son refus de la collaboration avec le gouvernement français démontrent son engagement indéfectible envers la cause de l’indépendance. Sa participation active au soulèvement de 1963, où il a joué un rôle central, a été un moment décisif dans l’histoire du Congo. Le documentaire réalisé par son petit-fils Hassim Tall Boukambou, intitulé Révolutionnaire(s) décrit l’histoire des événements survenus les 13, 14 et 15 août 1963, communément désignés comme « Les Trois Glorieuses ».
Malgré les vicissitudes politiques et les changements de régime, Julien Boukambou est resté fidèle à ses convictions. Sa démission du Conseil National de la Révolution en 1968, en signe de désaccord avec la direction politique prise par le pays, témoigne de son intégrité et de sa cohérence politique. Il fut notamment l’un des fondateurs du Mouvement National de la Révolution (MNR), dont il fut le secrétaire permanent du bureau politique.
Sa retraite en 1976 n’a pas marqué la fin de son engagement. Il a continué à militer pour les droits des travailleurs et à plaider en faveur de l’unité nationale jusqu’à la fin de sa vie. Son dernier message politique lors de la Conférence Nationale Souveraine en 1991, où il mettait en garde contre les dangers de la division et de l’instabilité politique, résonne encore aujourd’hui.
Julien Boukambou est décédé le 13 août 1994, laissant derrière lui un héritage de lutte et de résilience. Son engagement en faveur de la liberté et de la justice demeure une source d’inspiration pour les générations futures, rappelant que le combat pour la dignité humaine est un combat sans fin.
Julien Boukambou est aussi le père Gerard Boukambou, Chercheur et ingénieur agronome de formation et ancien directeur adjoint d’Agricongo (retrouver son interview ici)