4 heures de l’après-midi un jeudi soir d’avril. Nous avons rendez-vous dans une agence de communication avec une jeune artiste tout à fait singulière. Elle arrive 5 minutes avant l’heure prévue. Elle porte un tissu Kente au design sobre sur un jean bleu. Elle a une allure fière que ponctue fort bien sa stature quelque peu haute pour une femme. Elle est un peu grande, la jeune femme de 25 ans. Son nom ? Juanitha Allangba. Qui c’est ? Une artiste qui se spécialise dans un style pour le moins rare. Elle entre dans la pièce dédiée à l’interview. Un sourire artistique. Un bonsoir et c’était parti. Découvrez ici la substance de nos échanges.
Entretien
Vous êtes connue comme la promotrice de Jady-Arts, une entreprise spécialisée dans ce que vous appelez le String Art. Pourriez-vous nous expliquer un peu ce que cache le concept ?
Oui, en effet. Le String Art (ne vous attardez pas sur le mot string) ou encore l’art de la ficelle, est l’art d’agencer de la ficelle entre des points pour former des motifs. L’art de la ficelle permet de réaliser de magnifiques objets de décoration allant des plus minimalistes aux très modernes à partir d’une planche, de clous, d’une ficelle et de votre imagination.
Comment vous êtes-vous mise à cette forme d’art au point de la professionnaliser lorsque l’on sait qu’à la base, vous êtes développeur Web ?
Ah oui ! Très bonne question. Tout est parti d’un cadeau d’anniversaire que je voulais offrir à un ami. Je voulais donc sortir des choix habituels. Faire quelque chose d’original. J’étais en mal d’inspiration et ai donc décidé de faire un tour sur Pinterest, sait-on jamais. C’est donc au bout de quelques minutes de visite sur la plateforme que j’ai vu un tableau de String Art qui m’a tout de suite accroché. J’ai décidé de le reproduire en le personnalisant à ma manière, ce que j’ai fait. Ensuite, j’ai posté ma réalisation en statut WhatsApp et c’est de là que tout est parti. Les gens ont commencé à s’y intéresser en me demandant où ils pouvaient s’en procurer. Je m’y suis lancée. Pur coup de tête… et de hasard. Je ne m’en lasse plus maintenant.
Avez-vous aussitôt obtenu l’assentiment de vos parents ?
Oui et non. C’était un peu compliqué. Maman m’a soutenu depuis le début. Mais pour ce qui concerne mon père, c’était un peu plus compliqué parce que je couplais cela avec mes études, à l’époque. Donc il s’était montré un peu réticent. Mais maintenant ça va. Tout se passe pour le mieux.
Pensez-vous que les femmes trouvent aujourd’hui aisément une place dans les arts plastiques ?
Je pense que oui. On retrouve quand même de plus en plus de femmes dans le domaine. C’est forcément un indicateur…
Avez-vous parfois le sentiment de ne pas être au bon endroit ?
Je pense être au bon endroit. Je ne suis pas encore là où je veux être, mais je suis pleinement dans mon élément. L’art, c’est tout ma vie, tout mon être vibre de cela.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Comme la plupart des artistes, je suis inspirée par mon quotidien, tout ce qui m’entoure. Mais au-delà, Internet est également pour moi une source d’inspiration non-négligeable. Je m’intéresse beaucoup à ce qui se passe sur Pinterest et Instagram notamment.
Vivez-vous de votre art et vous épanouit-il pleinement ?
Oui absolument. Je vis de mon art aujourd’hui et je suis complètement épanouie. Il me permet de me nourrir, de me vêtir, de faire des économies, d’améliorer mon atelier, d’investir dans d’autres projets.
Quels sont vos projets ?
Les projets, j’en ai plusieurs. Mais en priorité, je travaille sur ma capacité à faire des portraits avec le String Art. Par la suite, j’envisage d’officialiser des formations sur mon art. Mon but, c’est essaimer Internet avec mes œuvres et conquérir l’Afrique entière.
Quel a été jusqu’ici votre plus grand accomplissement ?
Mon plus grand accomplissement, à ce jour, c’est être parvenue à mettre de côté ma peur et ma timidité et me lancer dans ce que j’aime réellement : l’art. Je suis de nature introvertie. C’est grâce au String Art que je me suis révélée à moi même. Vaincre ma timidité est le plus grand accomplissement à ce jour, car désormais, je ne vois plus aucune limite à mon potentiel totalement libéré.
