Juan Carlos rend visite à Mohammed VI


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C’est aujourd’hui que le roi Juan Carlos d’Espagne s’est rendu au Maroc, pour une visite de travail de trois jours, à l’invitation du roi Mohammed VI. Quels sont les enjeux de cette visite dont les presses locales, marocaine et espagnole, n’ont cessé d’aborder ces dernières semaines ?

Juan Carlos de Bourbon a débuté ce lundi, au Maroc, une visite de travail de trois jours, à l’invitation du roi Mohammed VI. Une délégation composée de ministres, de patrons d’entreprises, de représentants d’organismes espagnols ou encore du président de la Confédération espagnole des organisations d’entreprises (CEOE)… accompagne le souverain espagnol.

« Aux relations politiques, économiques, socio-culturelles historiques et riches, s’ajoute la volonté partagée d’édifier un partenariat stratégique » a expliqué le ministre espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération, José Manuel Garcia-Margallo. Cette visite, qualifiée d’ « historique » par des politiques marocains, devrait permettre d’approfondir le partenariat stratégique entre les deux pays et d’aborder un certain nombre de dossiers sensibles, dont le Sahara occidental, anciennement annexé par l’Espagne et dont l’indépendance est revendiquée par les Sahraouis, ou encore les découvertes pétro-gazières au large des Canaries, archipel autonome espagnol.

Une visite à « succès »

Ce sont près de 20.000 entreprises espagnoles qui exportent au Maroc, ce qui place le royaume chérifien en 2e position au monde, hors Union européenne, pour les produits espagnols. « (…) Il est de notre intérêt de saisir les opportunités que présentent les appels d’offres relatifs aux grands chantiers lancés, comme cela a été le cas pour les entreprises qui ont remporté le contrat de construction de la première phase de la centrale solaire de Ouarzazate », avait indiqué le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy lors de sa dernière visite officielle à Rabat. Depuis fin 2012, l’Espagne est le premier fournisseur et deuxième importateur du Maroc avec un total d’échange de 81,4 milliards de dirhams (7,3 milliards €).

Le président de la CEOE, Juan Rosell, a qualifié de « succès » l’invitation de Mohammed VI, selon l’agence Elfe. La représentativité des petites et moyennes entreprises espagnoles au Maroc est très « forte ». Ce déplacement à une importance particulière « pour les petites et moyennes entreprises espagnoles ayant des intérêts au Maroc, mais aussi pour les sociétés marocaines établies en Espagne», selon Juan Rosell.

La visite sera marquée, entre autres, par la signature d’accords de coopération entre la CEOE et la Confédération générale des Entreprises du Maroc (CGEM). Un point d’honneur sera mis sur les projets d’infrastructures lancés par le Maroc pour les entreprises ibériques.

De plus en plus d’Espagnols fuient la crise économique. Beaucoup d’entre eux ont choisi Tanger, dans le nord du Maroc, en quête de perspectives professionnelles. De nombreux Espagnols ont ouvert leur commerce dans le Chamal (nord du Maroc), d’autres n’hésitent pas à mendier dans les rues de Tanger en jouant d’un instrument par exemple.

L’Algérie et Amnesty exhortent Juan Carlos à aborder la question du Sahara

Amnesty International a exhorté le roi d’Espagne à aborder, avec son homologue marocain, la question des Droits de l’Homme dans le Sahara occidental. Sur son site internet, Amnesty soulève trois questions « fondamentales » concernant le Maroc, à savoir « la question du Sahara et du non-respect des Droits de l’Homme, la répression des journalistes, ainsi que la violence à l’encontre des femmes ». L’Organisation non gouvernementale dénonce « l’usage excessif de la force contre les Sahraouis, la torture et les restrictions sur les libertés d’expression, de réunion et d’association », ainsi que « la situation de la femme au Maroc », appelant à « une réforme du code pénal pour changer la définition du mot +viol+ ». En mai dernier, Amnesty a diligenté une enquête « indépendante et impartiale » sur « l’utilisation, par les forces de sécurité marocaines, de la torture et les mauvais traitements contre les détenus sahraouis ».

Plusieurs journaux algériens en ligne, comme L’Epressiondz.com ou encore Le Temps d’Algérie affirment que le roi Juan Carlos intercèdera auprès de Mohammed VI pour les Sahraouis, et notamment pour les 22 prisonniers politiques sahraouis condamnés en 2012 à de lourdes peines de prison par le tribunal militaire de Rabat.

La justice militaire marocaine les accuse d’être impliqués dans l’«assassinat» de 11 policiers et gendarmes, durant la prise d´assaut du camp de Gdeim Izik en novembre 2010.

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