L’Afrique est, encore et toujours, le continent le plus touché par le virus du sida. La féminisation de la pandémie inquiète et s’impose comme la priorité de la Journée mondiale de lutte contre le sida qui se tient ce mercredi 1er décembre. Rappelons que le fléau a tué 2,3 millions d’Africains au cours de l’année 2004 et que plus de la moitié des personnes infectées par le VIH en Afrique noire sont des femmes.
Par Sonia El Amri
34 ans, c’est l’espérance de vie au Zimbabwe! Le sida fait des ravages et plus particulièrement en Afrique où se regroupent les 2/3 des séropositifs et malades du sida du monde. Dans neuf pays africains (Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique, République centrafricaine, Rwanda, Swaziland, Zambie et Zimbabwe), l’espérance de vie est passée sous la barre des 40 ans. Au Zimbabwe, elle est passée de 52 ans en 1990 à 34 ans en 2003. En 2004, 3,1 millions d’Africains ont contracté l’infection et 2,3 millions en sont morts. Cette année, la femme et les jeunes sont au coeur de la Journée mondiale de lutte contre le sida. La femme est la cible la plus vulnérable: 57% des adultes infectés par le VIH en Afrique noire sont des femmes. Pire encore, 76% des 15/24 ans infectés sont des filles.
L’Afrique subsaharienne qui regroupe à peine 10% de la population mondiale compte pourtant 60% de personnes infectées du VIH, soit 25,4 millions sur un total mondial de 39,4 millions. Quant à l’Afrique australe, frappée de plein fouet par le virus, elle concentre 11,4 millions de malades du sida (30% du total mondial) alors qu’elle n’abrite que 2% de la population mondiale. L’Afrique du Sud, qui est considérée comme le pays le plus touché, comptait, en 2003, 5,3 millions de personnes infectées, et ne voit pas sa situation s’améliorer. L’Afrique de l’Est (Ethiopie, Kenya, Ouganda) enregistre une légère baisse des infections. Alors qu’en Afrique de l’0uest, où le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire enregistrent les taux les plus élevés, la situation semble se stabiliser. Le Nigeria compte le plus grand nombre de personnes contaminées après l’Afrique du Sud et l’Inde. Tous les pays de la sous région compte une prévalence nationale d’au moins 10% sauf l’Angola, qui compte moins de 5% de personnes infectées.
Priorité à l’éducation des filles
Le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan a déclaré soutenir le combat des femmes dans la lutte contre le sida et que des changements de leurs conditions étaient nécessaires pour combattre le fléau. Ce changement « ne peut survenir que grâce à l’éducation des filles », estime-t-il.
A ce titre, la Déclaration d’engagement des Nations Unies sur le sida préconise avant tout l’éducation des jeunes à la santé sexuelle. Même si un nombre important de pays favorise cette politique, le problème subsistera car 55 des pays les plus pauvres du monde ont peu de chance d’atteindre une scolarisation complète d’ici 2015, estime l’UNESCO. Selon l’Onusida, la féminisation de la pandémie est due à la discrimination faite aux femmes ce qui les empêche d’accéder à l’éducation et aux soins.
D’après l’Onusida, les femmes « souffrent d’un manque chronique de pouvoir ». « La violence à l’encontre des femmes est un phénomène largement répandu », rappelle l’OMS : « entre un cinquième et un tiers des femmes dans le monde ont subi au cours de leur existence des sévices physiques ou sexuels de la part de leur partenaire ».
Par ailleurs il est difficile pour les femmes d’exiger le préservatif dans beaucoup de pays.